Quel avenir pour les sortants de ZEP ?

La nouvelle carte de l’éducation prioritaire se complète d’un dispositif nébuleux qui interroge parents et enseignants.

Ingrid Merckx  • 9 décembre 2014 abonné·es

L ’information est tombée la veille de la manifestation nationale contre la nouvelle carte de l’éducation prioritaire. Provisoire depuis la Toussaint, elle sera finalement définitive le 17 décembre au lieu du 12. Petit délai pour des recalculs ou stratégie pour bloquer les protestations avant Noël ? Certains personnels mobilisés ont appris le 4 décembre qu’il y aurait un dispositif de rattrapage pour les « sortants de ZEP » : la Convention académique de priorité éducative (CAPE). Avec quelle enveloppe ? Pour combien d’établissements ? Mystère. Et surtout, désarroi des enseignants et des parents mobilisés. Car un tel dispositif ne remplace pas une politique. Malgré 350 millions d’efforts supplémentaires, selon le ministère, cette réforme a fait fi de tout dialogue, de toute transparence dans la course à l’éligibilité, et l’économie d’une évaluation d’une politique vieille de plus de trente ans.

Les critères pour entrer dans les nouveaux réseaux d’éducation prioritaire, REP et REP+, sont censés croiser le pourcentage d’enfants résidant en quartier « Politique de la ville », le taux de boursiers dans un établissement, le taux de redoublement en 6e et le nombre de catégories socio-professionnelles (CSP) défavorisées. Sauf que ce ** dernier chiffre est établi sur une base déclarative que tous les parents ne renseignent pas et qui ne correspond pas forcément aux données Insee d’un quartier. Sauf encore que l’Éducation nationale a fait passer une circulaire recommandant d’éviter les redoublements. Ceux qui l’ont suivie se voient ainsi pénalisés. Et toutes les familles en mesure de pouvoir bénéficier d’une bourse n’en font pas forcément la demande. De plus, les établissements qui ont demandé des chiffres à leurs rectorats ne les ont pas obtenus, ce qui les conduit à dénoncer des critères « opaques » et « politiques ».

La redistribution affichée , qui part d’une enveloppe fermée au lieu d’une étude des besoins et déshabille des zones pour en habiller d’autres, a tout d’un leurre. Mal considérées au départ, ces ZEP sont devenues un ressort essentiel de justice sociale. En théorie, tous les établissements devraient bénéficier des moyens ZEP. En temps de crise, l’équité voudrait que l’enveloppe trop restreinte soit augmentée durablement. C’est ce que les personnels mobilisés espèrent aujourd’hui. Car qui peut avoir envie de voir se dégrader la situation d’un certain nombre d’établissements ?

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