Immigration : entre fantasmes et réalité

On peut toujours aligner les chiffres, ils ne dissiperont pas facilement ce qui est de l’ordre du fantasme ou de la peur.

Denis Sieffert  • 5 février 2015
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Immigration : entre fantasmes et réalité
© Photo : AFP PHOTO / ALFONSO DI VINCENZO

À propos de l’immigration, on peut toujours aligner les chiffres, ils ne dissiperont pas facilement ce qui est de l’ordre du fantasme ou de la peur. On aura beau rappeler que, selon les dernières statistiques disponibles, 11,1 % seulement des résidents dans notre pays correspondent à cette définition de l’immigré, c’est-à-dire moins qu’en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne, en Autriche ou en Suède, rien n’y fera, ou presque. Nous profitons cependant de la tenue récente à Paris d’un colloque sur ce sujet ultrasensible pour rouvrir le dossier.

Notre démarche n’est évidemment pas tout à fait indifférente à ce que nous disent les sondages, aussi discutables soient-ils. Au moment où le Front national s’empare avec profit d’un discours social ou pseudo-social qui fait forte impression dans les médias, il n’est pas inutile de rappeler que la question de l’immigration est un marqueur qui ne peut pas tromper sur la véritable nature du parti de Marine Le Pen.

Catherine de Wenden a raison de le souligner dans l’entretien que nous publions ici, il s’agit moins en vérité du « problème » de l’immigration que de celui de l’identité de notre population. Le fantasme porte moins sur l’autre que sur un « nous » d’origine, de « souche », comme on dit, qui n’existe pas. Il renvoie à des contentieux qui ont à voir avec l’histoire coloniale, la situation internationale et la question religieuse. C’est toujours l’immigration venue de pays hors de l’Union européenne qui est visée par les discours de démagogie et de haine. Mais, là encore, il faut rappeler des chiffres. Même cette population (7,8 % des résidents de notre pays, de nationalité française ou non) n’est pas supérieure à ce qu’elle est en Allemagne ou au Royaume-Uni, et inférieure à ce qu’elle est en Espagne (8,8 %), aux Pays-Bas (8,5 %) ou en Autriche (9,1 %). Ce sont les lentes mutations culturelles de notre monde qui sont refusées. C’est un aspect de cette mondialisation que l’on vante si souvent par ailleurs.

Publié dans le dossier
Europe : L'heure de vérité
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