Loi Macron : un chèque géant offert au Medef

Des élus et militants du Front de gauche, dont plusieurs députés , sont venus contester, devant l’Assemblée, un article de la loi Macron qui crée un allègement fiscal des actions distribuées gratuitement.

Charles Thiefaine  • 5 février 2015 abonné·es
Loi Macron : un chèque géant offert au Medef
© Photo: Charles Thiefaine

Brandissant un chèque géant, « versé à des privilégiés » , précise André Chassaigne, député communiste et président du groupe GDR, une quarantaine de manifestants se sont réunis, mercredi, à deux pas de l’Assemblée pour protester contre l’article 34 du projet de loi d’Emmanuel Macron, ministre de l’Economie. Cet article allège la fiscalité sur les actions gratuites distribuées par les entreprises, essentiellement à leurs dirigeants. « Ce chèque n’est pas destiné au logement, à ceux qui ne peuvent pas manger, ou aux pays pauvres qui en ont besoin. Il est destiné aux privilégiés, aux riches, aux actionnaires, à ceux qui ont déjà de l’argent » , accuse André Chassaigne en pointant le montant de ce chèque : 200 millions d’euros ! À ses côtés, d’autres élus dont Jean-Jacques Candelier, Marc Dolez et Gaby Charroux.

Le chèque faussement signé par le ministre de l’Économie est établi à l’ordre du Medef. Car les 200 millions d’euros représentent une estimation du coût des allègements fiscaux dont bénéficieront les entreprises qui offriront des actions gratuites à leurs salariés, en particulier aux hauts cadres dirigeants. Une somme considérée comme « un minima » par Igor Zamichiei, secrétaire de la fédération de Paris du PCF. Il rappelle que « c’est le montant annoncé par Emmanuel Macron lui-même. Mais certaines études estiment le coût à 900 millions d’euros » .

Pour Emmanuel Macron, cet article est un dispositif pensé pour accompagner les start-up et les PME qui ne peuvent offrir de très gros salaires et attirer des salariés. L’article stipule aussi que « l’actionnariat salarié renforce l’implication des salariés dans le développement de leur entreprise tout en permettant de stabiliser une partie du capital social de l’entreprise » .

Ce n’est qu’une « forme de tartufferie, un habillage » , réagit André Chassaigne. Alors que les mesures d’austérité paralysent le gouvernement de toute action sociale depuis des mois, cet article propose de diminuer le niveau de taxation de l’actionnariat salarié. Une main tendue au monde de la finance et au Medef. Une de plus.

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