Y’a Bon Awards : la gauche plane sur le palmarès 2015

Les Indivisibles organisaient vendredi les sixièmes Y’a Bon Awards. Au palmarès de cette cérémonie ironique : Caroline Fourest, Philippe Val, Michel Sapin et bien d’autres.

Omar Belkaab  • 13 juin 2015
Partager :
Y’a Bon Awards : la gauche plane sur le palmarès 2015

« La parole raciste s’est libérée dans les médias ». C’est sur ces paroles d’Amadou Ka, président des Indivisibles, que s’ouvre la sixième édition des Y’a Bon Awards.

Tout au long de la soirée, le jury remet un trophée en forme de banane à différents politiques, journalistes et philosophes récurrents sur les plateaux télé et radio pour des propos jugés racistes qu’ils ont tenus au cours de l’année.

L’ambiance est décontractée, les plaisanteries sont légion, les rires aussi. Pour Julien Salingue, docteur en sciences politiques et membre du jury, « il est important de rire pour montrer que l’on n’accepte pas ces paroles racistes » . Une certaine tension due au climat de l’après- Charlie était tout de même palpable.

Alain Soral et Dieudonné, « hors catégorie »

Sans surprise, Marine Le Pen et Robert Ménard figurent au moins une fois parmi les nominés. Mais les Indivisibles dénoncent également un racisme latent présent chez les personnalités publiques dites de gauche.

A noter que le jury n’a même pas pris la peine de nommer Dieudonné ou Alain Soral dont les propos racistes ont été jugés « hors catégorie ».

Les membres du gouvernement n’étaient pas en reste. Manuel Valls et Stéphane Le Foll ont tous les deux été nominés pour des propos anti-Roms. Mais c’est Michel Sapin , ministre des Finances, qui remporte la banane La faute à (la promo) Voltaire . La CGT et SUD ont dénoncé, en décembre 2013, un dérapage de l’ex ministre du Travail. Lors d’une remise de cartes professionnelles à des inspecteurs du travail, ce dernier avait plaisanté sur le nom à consonance maghrébine d’un homme en lui demandant si « ça ne faisait pas un peu racaille » .

Le nom des Y’a Bon Awards fait référence à l’ancien slogan publicitaire raciste et néocolonialiste de la marque de cacao Banania. Ainsi, sans surprise, le journaliste Philippe Val est le vainqueur de la catégorie Le bon pedigree . Dans son livre Malaise dans l’inculture (Grasset, 2015), il écrit :
« Plus encore que les mauvais traitements, cet anticolonialisme reproche à la colonisation d’avoir donné à des Arabes, des Africains, des Indochinois, le goût de la démocratie et de la culture » .

Lire > Philippe Val : le néoconservateur

La parole raciste est également présente sur les réseaux sociaux. La cérémonie récompense le racisme en 140 signes sur Twitter. Natacha Polony remporte le prix pour une blague à l’humour douteux sur Leonarda.

Illustration - Y'a Bon Awards : la gauche plane sur le palmarès 2015

Contre pouvoir

Pour Amadou Ka, « l’humour est un contre-pouvoir redoutablement efficace » . Même son de cloche pour l’animateur de la soirée, Matthieu Longatte, comédien et auteur interprète des podcasts Bonjour Tristesse . « On s’organise un espace public qui sert de contre-pouvoir face aux faiseurs d’opinions qui passent partout à la télé. C’est notre outil de résistance » .

Pour clôturer la soirée en beauté, les Indivisibles ont annoncé avoir lancé des procédures judiciaires, qui déboucheront sur un procès le 6 novembre prochain, contre Eric Zemmour dont le nom ne figure étonnamment pas parmi les lauréats 2015.

Société
Temps de lecture : 4 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Je ne veux pas être déportée » : au CRA d’Oissel, la mécanique de l’enfermement
Reportage 27 novembre 2025 abonné·es

« Je ne veux pas être déportée » : au CRA d’Oissel, la mécanique de l’enfermement

Si le centre de rétention administrative (CRA) d’Oissel-sur-Seine, situé en pleine forêt, n’existe pas dans la tête des gens habitant aux alentours, l’enfermement mental et physique est total pour les femmes et les hommes qui y sont retenus. Politis a pu y rentrer et recueillir leurs témoignages.
Par Pauline Migevant
« À Paris, les manifs pour la Palestine doivent être à la hauteur des autres capitales européennes »
La Midinale 26 novembre 2025

« À Paris, les manifs pour la Palestine doivent être à la hauteur des autres capitales européennes »

Anne Tuaillon, présidente de l’association France Palestine Solidarité, est l’invitée de « La Midinale ». Ce samedi 29 novembre, 85 organisations dont LFI, le PS, le PCF, les Écologistes, la CGT et beaucoup d’autres, organisent une grande mobilisation pour la défense des droits du peuple palestinien sur la base du droit international.
Par Pablo Pillaud-Vivien
L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses
Décryptage 25 novembre 2025

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses

112 plaignantes, 1 gynécologue… et 11 ans d’instruction. En 2027, le docteur Tran sera jugé pour de multiples viols et agressions sexuelles. Plaintes ignorées, victimes oubliées, délais rallongés… Cette affaire témoigne de toutes les lacunes de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Par Salomé Dionisi
« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »
Entretien 25 novembre 2025 abonné·es

« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »

Julia* fait partie des nombreuses patientes qui accusent le médecin gynécologue Phuoc-Vinh Tran de viols et d’agressions sexuelles. Treize ans après les faits, elle souhaite prendre la parole pour dénoncer les dégâts que causent les lenteurs de la justice.
Par Hugo Boursier