Mauvaises manières

Public Image Limited confirme son retour abrasif et réjouissant.

Jacques Vincent  • 23 septembre 2015 abonné·es

Le retour de Public Image Limited en 2012, après dix-sept ans d’absence, a été une très bonne nouvelle, tant l’écoute du groupe de John Lydon agit comme un décrassage de neurones, à la fois au niveau des textes et de la musique. Une musique qui repose en grande partie sur une rythmique de plomb, une batterie implacable et une basse hypertrophiée qui rôde en permanence comme un monstre souterrain que sa présence invisible rend encore plus inquiétant. C’est sur ce décor que se posent la guitare et la voix, également abrasives, chacune dans son registre.

Lydon, qui n’a jamais vraiment abandonné les mauvaises manières de son double des Sex Pistols, Johnny Rotten, déclame, s’égosille, force son accent cockney, invective, vomit presque certains mots, joue sur la répétition et parfois privilégie la sonorité des mots à leurs sens. Le morceau qui donne son titre à l’album est rempli de « fuck » et de « bollocks » et, dans « Double Trouble », une phrase comme « I want the trouble trouble trouble on the double double double », évidemment intraduisible, rappelle un Captain Beefheart dont Lydon est depuis toujours un grand fan. Mais ce ne sont pas les seules facettes du groupe. Les mots peuvent aussi être choisis pour leur sens et leur tranchant. Que ce soit pour fustiger les États-Unis dans une chanson évoquant la pin-up Bettie Page, « censurée par le pays le plus pornographique du monde », ou jeter un regard sur le monde tel qu’il va mal aujourd’hui et sur ce XXIe siècle où « chaque être humain semble haïr l’humanité ». Finalement, le morceau à retenir avant tout est peut-être l’excellent « I’m Not Satisfied », qui résume tout et semble désigner le carburant à l’origine de l’énergie rageuse de chaque instant.

Musique
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