Un « plan B » pour reprendre l’Europe en main

Politiques, intellectuels et économistes se réunissent les 14 et 15 novembre à Paris à l’occasion d’un sommet du « plan B ».

Sasha Mitchell  • 11 novembre 2015 abonné·es
Un « plan B » pour reprendre l’Europe en main
© Photo : DEMARTHON/AFP

La machine s’est mise en route le 12 septembre. Dans le stand bondé du Parti de gauche à la Fête de l’Humanité, l’eurodéputé Jean-Luc Mélenchon, l’ancien ministre des Finances grec Yanis Varoufakis et le cofondateur de la formation de gauche radicale allemande Die Linke, Oskar Lafontaine, faisaient vrombir le moteur, esquissant les contours d’un « plan B » pour l’Europe. La veille, dans une tribune publiée dans Mediapart, les trois hommes, associés à la désormais ex-présidente du Parlement hellénique Zoé Konstantopoulou et au député italien Stefano Fassina, promettaient la tenue d’un sommet international « ouvert aux citoyens volontaires, aux organisations et aux intellectuels ». Un sommet du « plan B » en réponse au « coup d’État financier » qu’a constitué la signature du troisième mémorandum en Grèce cet été, accélérant les privatisations et les politiques d’austérité.

Deux mois plus tard, l’initiative prend corps. Les 14 et 15 novembre, politiques, économistes et membres d’ONG grecs, français, espagnols, allemands, danois ou encore slovènes se réuniront à Paris afin de réfléchir aux alternatives, pour « rompre avec l’Europe du chômage de masse et du dumping fiscal féroce ». *« Il s’agit d’installer un processus permanent autour de discussions sur l’euro et l’Union européenne qui existent déjà en Europe »,* a expliqué l’eurodéputée Die Linke Sabine Lösing. Un espace d’échanges, à la façon du forum de São Paulo de 1990, qui avait ouvert la voie à l’élection de plusieurs gouvernements de gauche sur le continent sud-américain. Au cours du week-end, il sera question d’une triple maîtrise. De la monnaie, d’abord, avec une discussion autour de la sortie de l’euro, « un des plans sur la table », d’après Jean-Luc Mélenchon. Des dettes publiques, ensuite, et de leur restructuration. Du commerce international, enfin, pour la mise en place d’une nouvelle politique de développement. Quelques idées ont déjà été mises en avant, parmi lesquelles des systèmes parallèles de paiement et la numérisation des transactions en euros pour contourner le manque de liquidités. Contre le « plan A » des gouvernements européens, consistant à « ne pas céder à la demande de démocratie des citoyens européens », les initiateurs du sommet visent donc, par le combat à l’échelle nationale puis par la coopération à travers l’Europe, à une renégociation complète des traités. « Nous devons échapper à l’inanité et à l’inhumanité des traités européens et les refonder afin d’enlever la camisole de force du néolibéralisme, abroger le traité budgétaire et refuser le traité de libre-échange avec les États-Unis », écrivaient les auteurs de la tribune. Car le temps presse. L’UE a démontré, par son traitement de la crise grecque, l’impossibilité d’une alternative de gauche dans le cadre européen tel qu’il est défini.

La conférence « internationaliste » ** de Paris donnera certainement lieu à de nouveaux rassemblements. Tous les scénarios doivent être étudiés, plusieurs « plans B » envisagés et d’autres formations de gauche européennes intégrées aux discussions. Avec comme objectif de « réaffirmer le principe simple que l’Europe n’est rien d’autre que les Européens, et que les monnaies sont des outils pour soutenir une prospérité partagée, et non des instruments de torture ou des armes pour assassiner la démocratie ».

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