Espagne : la percée de Podemos

Denis Sieffert  • 21 décembre 2015 abonné·es
Espagne : la percée de Podemos
© Photo: PEDRO ARMESTRE / AFP

On disait le mouvement de Pablo Iglesias en déclin. Mais ce pronostic a été spectaculairement démenti par les urnes. Podemos est le grand vainqueur des législatives espagnoles de dimanche. Avec 20,6% des suffrages, le parti de la gauche radicale, issu des grandes manifestations des « Indignés » de 2011, réussit une percée. Même si la cuisine institutionnelle ne lui attribue que 69 sièges au Parlement.

Les trois autres grandes formations ont toutes été désavouées. Les conservateurs du Parti Populaire (PP) du chef de gouvernement, Mariano Rajoy, en obtenant 123 sièges sur 350, est en net recul, et manque de beaucoup la majorité. Le Parti socialiste (Psoe), avec 22% des voix et 90 sièges, réalise historiquement son plus mauvais score. Quant aux centristes de Ciudadanos, que les médias et les sondages avaient encensés, ils ne recueillent que 14% des suffrages et obtiennent 40 députés.

Sociologiquement, c’est donc bien le parti anti-austérité Podemos qui créé la surprise , deux ans seulement après son apparition sur la scène politique. Institutionnellement, c’est une autre affaire, car aucun des quatre partis n’est en mesure de gouverner, ni même de former une coalition majoritaire. Pour autant que les engagements pris pendant la campagne sont respectés. Ceux, notamment, de Ciudadanos de ne pas rallier le PP.

L’hypothèse la plus plausible serait finalement une alliance Podemos-Psoe avec le soutien des petites formations régionales de Catalogne, du Pays Basque et des îles Canaries. Encore faudrait-il que le Psoe accepte de s’amender sérieusement, à la manière du Parti socialiste portugais. Ce qui est peu probable.

Pour Podemos, Pablo Iglesias a ramené le débat sur son véritable terrain. Il a, dès lundi, demandé des mesures d’urgence sociale : droit au logement, à la santé et à l’éducation, notamment. C’est sans doute le principal message des électeurs dans un pays saigné par une terrible politique d’austérité, et qui compte plus de 20% de chômeurs.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Turquie : « J’ai vécu un remake de l’affaire Dreyfus »
Monde 27 mars 2024 abonné·es

Turquie : « J’ai vécu un remake de l’affaire Dreyfus »

La quasi-totalité des édiles du Parti démocratique des peuples élus en 2019 ont été destitués par le régime turc au bout de quelques mois. C’est le cas d’Adnan Selçuk Mızraklı, porté à la tête de Diyarbakır avec 63 % des voix, qui depuis est en prison. Nous sommes parvenus à établir avec lui une correspondance écrite clandestine.
Par Laurent Perpigna Iban
À Jérusalem-Est, un ramadan sous pression
Monde 20 mars 2024 abonné·es

À Jérusalem-Est, un ramadan sous pression

En Palestine occupée, le mois saint de l’islam cristallise les tensions alors que les Palestiniens font face à de nombreuses restrictions de l’accès au mont du temple et à la mosquée Al-Aqsa. Elles illustrent le régime légal que des organisations de défense des droits humains qualifient d’apartheid. 
Par Philippe Pernot
« Ma vie dépend de ce qui se passe sur le front »
Ukraine 18 mars 2024

« Ma vie dépend de ce qui se passe sur le front »

Dans une interview réalisée le 28 février 2024, l’écrivain ukrainien Andreï Kourkov nous raconte l’impact de la guerre sur son travail et les questions existentielles qui se posent deux ans après l’invasion russe.
Par Pauline Migevant
« Il y a une volonté d’effacement du peuple palestinien »
Entretien 13 mars 2024 abonné·es

« Il y a une volonté d’effacement du peuple palestinien »

Pour Isabelle Avran, cofondatrice de l’Association France Palestine solidarité, le massacre de la bande de Gaza par Israël est l’acmé inédite d’une volonté d’éradication du fait palestinien.
Par Patrick Piro