Philippe Torreton s’insurge contre l’appel au front républicain
Philippe Torreton est un homme en colère. «On nous refait le coup de la ligne Maginot» , proteste-t-il en qualifiant le front républicain de «Front République-rien» . À deux jours du second tour des élections régionales, c’est en défenseur de la gauche «réellement de gauche» que le comédien critique, dans une longue tribune publiée ce vendredi dans l’Humanité , le soutien appuyé de Manuel Valls à Xavier Bertrand et Christian Estrosi (LR), les «Las Vegas de la droite» , comme sur les «trente ans de colère» invoqués par le «front républicain» .
«On nous demande d’aller voter pour des olibrius[^2] qui ont mené une campagne pratiquement indifférenciable de celle du FN, pour contrer justement les candidats FN. C’est absurde, c’est tristement absurde. […] Il faut permettre au peuple de gauche de voter et, pour qu’il puisse voter, il lui faut des candidats.»
Pour le comédien, qui a aussi été un conseiller de Paris engagé avec Bertrand Delanoë (PS), le front républicain qu’on nous ressert depuis trente ans revient à s’asseoir «sur le couvercle une Cocotte-Minute en surchauffe» en croyant que cela fera retomber la pression. Alors que celle-ci résulte d’abandons d’idéologiques et de renoncements politiques.
«Trente ans que tout ce beau monde y va des mêmes phrases creuses, trente ans que les citoyens qui votent FN n’ont pas compris, mais trente ans de colère, ce n’est plus de la colère, c’est un programme […] *, une adhésion parfaite en parfaite connaissance de cause.* […] Lutter contre le FN, c’eût été avoir de la constance et des convictions, avoir encore un idéal autrement plus motivant que l’équilibre des comptes public et nous y amener.»
Cette tribune témoigne des frustrations d’une gauche qui, ce dimanche 13 décembre, ne pourra pas voter pour des idées et devra, à la demande de Manuel Valls, assumer les responsabilités du «front républicain» . «Mais ça fait du bien à qui? Ça rassure quoi ce vote républicain? Ça permet quoi?» , s’interroge Philippe Torreton.
[^2]: Selon la définition du dictionnaire Larousse un olibrius est «un individu qui se distingue par son excentricité stupide» .