« La relance, ça marche ! » : les 7 propositions de la gauche du PS

Hausse du Smic, coup de pouce aux aides sociales, plan d’investissement écologique : quatre socialistes présentent un contre-plan d’urgence pour l’emploi.

Erwan Manac'h  • 14 janvier 2016
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« La relance, ça marche ! » : les 7 propositions de la gauche du PS
© Photo : CHARLY TRIBALLEAU / AFP

À contre-pied de « la politique de l’offre » qui sert de ligne directrice au gouvernement depuis 2012, trois membres du bureau national du Parti socialiste et un économiste formulent sept propositions « sans complexe » pour une relance de l’économie.

Emmanuel Maurel (député européen), Marie-Noëlle Lienemann (Sénatrice), Jérôme Guedj (ex-député) et l’économiste Daniel Vasseur, tous les quatre membres de Maintenant la Gauche, courant de la gauche du PS, ont rendu public un plan de 12 milliards d’euros d’investissement destiné à soutenir la demande.

Grâce à « l’effet d’entraînement » qu’il aura sur l’économie, ce plan serait « entièrement autofinancé par le surplus de recettes fiscales » engendré par la croissance économique, font-ils valoir, citant les études du FMI qui chiffrent à 1,7 le coefficient « multiplicateur » des investissements publics. Ils comptent aussi sur 2,5 milliards récupérés sur les « cadeaux inutiles accordés aux entreprises » (baisse de la contribution sociale de solidarité des sociétés et suppression de la contribution exceptionnelle d’impôt sur les sociétés).

Lire > Chômage : les fausses solutions de Hollande Lire > Un plan pour l’emploi… ou pour les chiffres ?

Pour soutenir la consommation des ménages, ils préconisent une augmentation de 10 % du Smic (1 euro sur le barème horaire), l’allongement de l’indemnisation chômage de 2 à 3 ans (4 ans pour les seniors), une revalorisation de certaines prestations familiales sous condition de ressources (parents isolés, RSA pour les moins de 25 ans) ainsi qu’une progressivité de la CSG . La hausse du Smic représenterait pour les employeurs « 10 milliards d’euros, largement compensés par le CICE [baisses d’impôts sur les salaires votées en 2012] dans les comptes des entreprises » , jugent-ils.

Cliquer pour télécharger le rapport complet.

Ces dépenses devront avoir un effet levier sur la consommation profitant directement aux entreprises françaises, « car les importations ne représentent qu’une partie mineure de la consommation », écrivent-ils dans leur contribution.

Plan de réduction de gaz à effet de serre

Leur plan s’accompagne d’un programme massif d’investissements dans la construction de logements sociaux , la rénovation écologique des bâtiments ainsi qu’une incitation soutenue à l’achat de voitures électriques et à l’installation de bornes de recharges. « On peut s’étonner , écrivent-ils à ce propos, que la COP21 (…) ne se soit pas accompagnée de l’annonce d’un véritable plan chiffré et daté de réduction des émissions de gaz à effet de serre » . Le tout doit selon eux s’accompagner d’une « mise à niveau d’urgence » des universités et institutions de recherche publique ainsi qu’une allocation d’autonomie pour les étudiants.

Il n’est pas certain que leurs propositions aient le même impact que la « lettre ouverte des patrons à François Hollande », publiée le 10 janvier dans le JDD . Pierre Gattaz et sept autres responsables d’associations patronales demandaient plus de flexibilité et de baisses d’impôts sur les salaires, dans la droite ligne de ce que pratique la majorité socialiste depuis 2012.

Le cas allemand montre pourtant que la croissance économique a grimpé à 1,7 % en 2015 grâce à une hausse des revenus (+2,8 %). Il faut dire que l’Allemagne a instauré en 2015, fait nouveau, un salaire minimum. L’office allemand des statistiques observe également les effets vertueux sur l’économie de la hausse des dépenses publiques (0,5 point de PIB en 2015 contre 0,3 point en 2014).

Lire > Michel Husson : « L’État doit être employeur en dernier ressort »

François Hollande doit préciser lundi 18 janvier ses mesures d’urgence pour l’emploi, tandis que la refonte du Code du travail doit être dévoilée le 9 mars. De son côté, le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, commence à faire monter la pression avant l’ouverture de négociations sur les indemnités chômage. Il juge nécessaire une baisse de la durée et du montant des indemnités chômage.

Travail
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