La Grèce de nouveau au pied du mur

Erwan Manac'h  • 28 avril 2016 abonné·es
La Grèce de nouveau au pied du mur
© Photo: ANDREAS PAPAKONSTANTINOU / ANADOLU AGENCY

Bis repetita. Malgré le vote d’un plan d’austérité hors normes depuis l’été, le FMI et Bruxelles ont formulé de nouvelles exigences pharaoniques à la Grèce, en échange du versement de la tranche de prêt promis dans l’accord de juillet 2015 et dont elle a besoin pour rembourser ses dettes.

L’ex-Troïka avait déjà imposé que la Grèce dégage un excédent budgétaire primaire (avant paiement des intérêts de la dette) de 3,5 % en 2018, là où la France, par exemple, présente un solde de -1,5 %. Cet objectif est censé être atteint par les mesures imposées depuis l’accord du mois de juillet, notamment au prix d’une réforme des retraites.

Or, le FMI veut s’assurer ceinture et bretelle. Dans l’hypothèse où cet objectif ahurissant ne serait pas atteint, il veut imposer qu’Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, vote un plan d’austérité « de secours », qui entrerait en vigueur le cas échéant. Ce plan prévoit 3,6 milliards d’euros de baisses des dépenses (salaires et retraites des fonctionnaires notamment) et de hausses d’impôts. Soit 2 % du PIB du pays.

Alexis Tsipras en appelle aux chefs d’Etat


Cette option est politiquement intenable pour le gouvernement grec, qui a déjà eu du mal à faire adopter un plan d’austérité aux antipodes de la politique pour laquelle il a été élu il y a un peu plus d’un an.

Une réunion des ministres des Finances de la zone euro (l’Eurogroup) devait conclure ce jeudi les négociations sur la nouvelle tranche d’aides. Elle a été annulée, car ses membres ont « besoin de temps » pour dégager un accord. Alexis Tsipras a demandé la convocation d’un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement, pour tenter de trouver un accord politique. Mais l’Allemagne ne veut pas en entendre parler et le président du Conseil européen, Donald Tusk, préfère attendre un nouvel Eurogroupe.

Cette nouvelle crise politique doit trouver son dénouement avant la fin du mois de juillet, date butoir pour le remboursement de 3,5 milliards d’euros de dette au FMI et à la Banque centrale européenne.

Monde Économie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier
Au Chili, un espoir pour la gauche
Analyse 1 juillet 2025 abonné·es

Au Chili, un espoir pour la gauche

Dimanche 29 juin, la candidate du Parti communiste, Jeannette Jara, a emporté haut la main les primaires de gauche. Elle représentera la coalition de centre-gauche Unidad por Chile à l’élection présidentielle, en novembre prochain. Un défi important dans un contexte de droitisation du continent sud-américain.
Par Marion Esnault
Contre la guerre, aux États-Unis : « Nous ne voulons plus de morts, plus de victimes »
Reportage 27 juin 2025

Contre la guerre, aux États-Unis : « Nous ne voulons plus de morts, plus de victimes »

Des rassemblements sont organisés depuis une semaine aux États-Unis contre l’attaque américaine en Iran. Si la taille des manifestations reste minime, l’opposition à l’intervention américaine est forte dans la population, y compris chez certains soutiens de Donald Trump.
Par Edward Maille
« Le fracas des bombes ne réduira jamais au silence les sociétés »
La Midinale 27 juin 2025

« Le fracas des bombes ne réduira jamais au silence les sociétés »

Aghiad Ghanem, docteur en relations internationales à Sciences Po, co-auteur de Espace mondial aux Presses de Sciences Po, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien