Migrants : nouveau SOS des associations aux ministres

Pas une semaine sans qu’un campement improvisé par des réfugiés ne soit évacué, notamment à Paris. Une stratégie de la préfecture pour disperser les migrants et éviter la formation d’un nouveau camp de grande ampleur.

Vanina Delmas  • 25 août 2016
Partager :
Migrants : nouveau SOS des associations aux ministres
© Photo : JACQUES DEMARTHON / AFP

Douze associations engagées dans l’accueil des migrants appellent à l’arrêt « d’urgence » de ces évacuations et demandent à être reçues par les ministres de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et du Logement, Emmanuelle Cosse, pour parler d’un « plan d’ensemble ».

L’unique conséquence de ces pratiques est de fragiliser encore davantage les exilés vivant à la rue dans l’attente de pouvoir demander l’asile, expliquent-elles.

Dans leur lettre ouverte, la FNARS, le Secours Catholique, France Terre d’Asile, la Cimade, Médecins du Monde, Secours Islamique, l’UNICEF, Salam NPDC, Auberge des migrants, la Croix Rouge Française, la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs France pointent du doigt la _« tournure inacceptable » de ces évacuations : séparation de familles, non-hébergement, contrôles administratifs accrus, l’émission d’obligation de quitter le territoire à des personnes souhaitant demander l’asile…

L’orientation massive de plusieurs centaines de personnes dans des structures inadaptées, en gymnase ou à l’hôtel, témoigne également de la situation critique en Ile-de-France, précisent-elles. A Marseille, des familles avec de très jeunes enfants en demande d’asile sont en errance ou menacées d’une remise à la rue faute de crédits disponibles pour les héberger.

Les associations de terrain rappellent leur souhait depuis plusieurs mois d’un plan interministériel d’accueil national élaboré avec leur aide, « à la hauteur de la situation et des engagements pris par le gouvernement dans le cadre de la réforme de l’asile. »

En complément de l’installation d’un centre humanitaire à Paris en septembre et des 3 000 places supplémentaires en centre d’accueil et d’orientation (CAO), elles proposent « l’ouverture de sites d’accueil temporaires humanitaires dans plusieurs métropoles afin d’éviter la saturation prévisible du site parisien ».

En août, Emmanuelle Cosse avait annoncé le doublement des capacités des CAO, c’est-à-dire le passage de 2 000 à 5 000 places, et évoquait la volonté de développer l’hébergement chez des particuliers. Mais en attendant, les migrants continuent d’affluer, toujours plus nombreux. À Calais, entre 6 900 et 9 100 personnes tentent de survivre aujourd’hui.

LIRE >> Réfugiés : La jungle de Calais explose

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
Terrorisme 28 juin 2025

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes

De l’instruction à la barre, les 16 prévenus ont constamment invoqué la crainte de la guerre civile qui les a poussés à rejoindre le groupe. Ils ont brandi cette obsession, propre à l’extrême droite, pour justifier les projets d’actions violentes contre les musulmans.
Par Pauline Migevant
Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale
Idées 28 juin 2025 abonné·es

Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale

L’idéologie accélérationniste s’impose comme moteur d’un terrorisme d’ultradroite radicalisé. Portée par une vision apocalyptique et raciale du monde, elle prône l’effondrement du système pour imposer une société blanche.
Par Juliette Heinzlef
« Notre école est le dernier service public du village »
École 26 juin 2025

« Notre école est le dernier service public du village »

Depuis vingt ans, 7 000 écoles publiques ont été fermées. Celle du Chautay, dans le Cher, pourrait également disparaître. Cette école est l’une des dernières classes uniques de ce département rural. Des parents d’élèves, dont Isabelle, ont décidé de lutter pour éviter cette fermeture.
En CRA, sans traitement contre le VIH, Joes est menacé d’expulsion
Asile 26 juin 2025 abonné·es

En CRA, sans traitement contre le VIH, Joes est menacé d’expulsion

Depuis deux mois, l’homme de 23 ans est retenu au CRA de Cornebarrieu (Haute-Garonne), où il n’a pas reçu son traitement contre le VIH. Les associations demandent une réévaluation de son dossier. Politis a pu le joindre.
Par Élise Leclercq