Macron abat ses cartes

Au moins 10 000 personnes se sont pressées pour assister à son premier grand meeting.

Michel Soudais  • 14 décembre 2016 abonné·es
Macron abat ses cartes
© Quentin Veuillet/Citizenside/AFP

La candidature d’Emmanuel Macron n’est plus virtuelle. La « démonstration de force » qu’il a livrée samedi à Paris a de quoi inquiéter la direction du PS. Au moins 10 000 personnes, dont pas mal de jeunes, se sont pressées porte de ­Versailles pour assister à son premier grand meeting, trois semaines après l’annonce de sa candidature. De quoi galvaniser ses partisans, qui, à l’instar de Gérard Collomb, ont ironisé sur l’absence de mobilisation de la Belle Alliance populaire une semaine plus tôt : « Si j’étais aujourd’hui à la place de Jean-­Christophe Cambadélis, a lancé devant la presse le sénateur maire de Lyon, je me dirais que j’essaierais de rejoindre ce mouvement et de le faire gagner. »

Le candidat ne semblait pas en revenir lui-même. « C’est un rêve fou qui est en train de se réaliser », a-t-il lancé en commençant son discours. En huit mois, l’ancien ministre de l’Économie a reçu le soutien de quelque 120 000 adhérents (gratuits) à son mouvement, En Marche !. Son entourage revendique 15 000 à 20 000 personnes actives sur le terrain et affirme avoir déjà récolté 3,7 millions d’euros auprès de 12 000 donateurs.

S’il attire des foules, le candidat ne séduit pas encore de poids lourds politiques. Le député PS du ­Finistère Richard Ferrand et l’ancien ministre UMP Renaud Dutreil, qui l’ont précédé sur scène, ne relèvent pas de cette catégorie. Pas davantage l’ancien président de la région Île-de-France Jean-Paul Huchon, les avocats Jean-Pierre Mignard et Dominique Villemot, proches de François Hollande, ou les députés européens centristes Sylvie ­Goulard et Jean Arthuis, présents dans la salle.

Comme il fallait bien commencer à dévoiler des volets de son programme, Emmanuel Macron a surtout insisté sur les thématiques économiques et sociales, considérant que « la bataille économique et sociale est la première bataille ». Se présentant comme « le candidat du travail », qu’il veut « libérer », il égrène de vieilles recettes : « continuer à baisser le coût du travail », notamment par une diminution des charges patronales de 6 points pour pérenniser le CICE ; durée légale du travail maintenue à 35 heures mais liberté de négociation dans les entreprises ; « augmenter le pouvoir d’achat de tous les travailleurs » par un report des cotisations maladie et chômage sur la CSG ; simplifier le droit du travail, etc. Le candidat veut « réconcilier notre pays avec le goût du risque » tout en protégeant les plus faibles. Si on voit bien son libéralisme, le volet social ne saute pas aux yeux.

Pour aller plus loin…

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »
Entretien 30 octobre 2025

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »

Maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux et coresponsable du département d’économie de l’Institut La Boétie, Éric Berr pointe la nécessité de la taxe Zucman et les limites de la version allégée par le Parti socialiste.
Par Lucas Sarafian
Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes
Budget 30 octobre 2025 abonné·es

Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes

Jouant la carte de la responsabilité, le PS rêve de faire adopter une mesure alternative à la taxe Zucman. Au risque de s’isoler du reste de la gauche et de perdre le rapport de force face au gouvernement.
Par Lucas Sarafian
Carlos Martens Bilongo : « Je suis victime d’un scandale d’État »
La Midinale 29 octobre 2025

Carlos Martens Bilongo : « Je suis victime d’un scandale d’État »

Après les révélations du site L’Informé sur la note mensongère de Tracfin, Carlos Martens Bilongo, député LFI du Val-d’Oise, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Roger Martelli : « La gauche doit renouer avec la hardiesse de l’espérance »
Entretien 29 octobre 2025 libéré

Roger Martelli : « La gauche doit renouer avec la hardiesse de l’espérance »

Spécialiste du mouvement ouvrier français et du communisme, l’historien est un fin connaisseur des divisions qui lacèrent les gauches françaises. Il s’émeut du rejet ostracisant qui les frappe aujourd’hui, notamment leur aile la plus radicale, et propose des voies alternatives pour reprendre l’initiative et retrouver l’espoir. Et contrer l’extrême droite.
Par Olivier Doubre