La crise du logement touche un Français sur cinq

À l’occasion de la sortie de son rapport annuel sur le mal-logement, la Fondation Abbé-Pierre réunit les principaux candidats à la présidentielle pour tirer la sonnette d’alarme.

Hugo Boursier  • 31 janvier 2017 abonné·es
La crise du logement touche un Français sur cinq
© Photo : KENZO TRIBOUILLARD / AFP

L a France compte de plus en plus de personnes pauvres, sans domicile, expulsées ou qui souffrent de précarité énergétique. » C’est le constat que dresse Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, dans la présentation du 22e rapport de l’association sur les mal-logés. Après le quinquennat de François Hollande, qui a vu émerger des mesures comme l’encadrement des loyers, la mise à disposition de terrains publics pour construire plus de HLM ou la TVA à taux réduit appliquée au secteur du bâtiment, l’association observe que _« le nombre de personnes confrontées à la crise du logement continue à augmenter », arrivant aujourd’hui à près de 15 millions de personnes, soit un Français sur cinq.

30 000 enfants sans domicile

Dans ces 15 millions, presque 4 millions sont mal logés, et 12 se situent dans une situation de fragilité. Chaque secteur subit une augmentation : les personnes contraintes de loger chez un tiers ont augmenté de 19 % entre 2002 et 2013, le nombre de SDF a doublé dans la même période, culminant à 143 000, le nombre de logements modérément surpeuplés, 4,2 millions en France, a bondi de 17 % entre 2006 et 2013, tout comme le nombre d’enfants sans domicile : 85 % en une dizaine d’années, soit 30 000 enfants contraints de dormir dans une situation de précarité extrême.

« Ces chiffres sont probablement en deçà de la réalité, puisque nous nous basons sur les dernières données de l’Insee, qui datent de 2013 », prévient Manuel Domergue, directeur d’études à la Fondation Abbé-Pierre. Christophe Robert note que « si on met en place un grand plan d’action national pour sortir les sans-domicile de leur situation, on peut régler la question en cinq ou dix ans selon les territoires ».

La fondation avance donc quinze propositions dans son rapport. Elle préconise, entre autres, une sécurité sociale du logement, avec des habitations financièrement plus accessibles pour les plus modestes et une meilleure attribution des logements sociaux, en rappelant que « les loyers des grandes agglomérations ont augmenté de 55 % en moyenne ». Pour l’accueil de personnes migrantes, il s’agit de « désamorcer la dynamique sécuritaire autour des bidonvilles et des « campements » »_, en leur ouvrant l’accès au parc privé et en renforçant les services publics de droit commun.

Grand oral pour les candidats

Les principaux candidats à l’élection présidentielle sont donc conviés, mardi 31 janvier, sur le parvis de la Défense (Puteaux), à décliner leurs propositions et à écouter celles de la Fondation Abbé-Pierre : c’est le cas de Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et la députée Les Républicains Isabelle Le Callennec, qui représente François Fillon. La candidate du Front national, Marine Le Pen, n’a pas été invitée, en raison des « profonds désaccords » de la fondation avec ce parti.