Ces Indochinois oubliés

La France a déporté 20 000 Indochinois en 1939.

Hugo Boursier  • 1 mars 2017 abonné·es
Ces Indochinois oubliés
© Photo : VOV

Il aura fallu attendre soixante-dix ans. En 2009, le maire d’Arles, Hervé Schiavetti (PCF), rend hommage aux 20 000 Indochinois que la France a déportés en 1939. C’est la première fois qu’un représentant de l’État reconnaît cet événement.

Dès le mois de septembre 1939, la IIIe République souhaite piocher dans ses colonies pour soutenir l’effort de guerre national. La règle est simple pour l’administration française en Indochine : chaque famille qui compte au moins deux hommes entre 18 et 45 ans doit en fournir un à la France. Sinon, le père sera incarcéré. Les 20 000 paysans ainsi réquisitionnés sont envoyés sur tout le territoire pour travailler dans des usines d’armement. ­L’armistice, en 1940, ne signifie pas le retour pour tout le monde : pas moins de 14 000 Indochinois sont bloqués en France et contraints de travailler dans l’industrie du textile, la scierie ou l’agriculture. Pendant des années, ils ne touchent qu’un dixième du salaire de l’ouvrier français de l’époque.

La Libération permet plusieurs retours, mais un millier de ces hommes restent dans le pays, dans l’oubli général, mis à part les mémoires de Lê Huu Tho en 1996 (L’Harmattan), interprète de la 35e compagnie, qui intéresseront certains historiens et journalistes.

Pour aller plus loin…

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses
Décryptage 25 novembre 2025

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses

112 plaignantes, 1 gynécologue… et 11 ans d’instruction. En 2027, le docteur Tran sera jugé pour de multiples viols et agressions sexuelles. Plaintes ignorées, victimes oubliées, délais rallongés… Cette affaire témoigne de toutes les lacunes de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Par Salomé Dionisi
« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »
Entretien 25 novembre 2025 abonné·es

« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »

Julia* fait partie des nombreuses patientes qui accusent le médecin gynécologue Phuoc-Vinh Tran de viols et d’agressions sexuelles. Treize ans après les faits, elle souhaite prendre la parole pour dénoncer les dégâts que causent les lenteurs de la justice.
Par Hugo Boursier
Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »
Entretien 25 novembre 2025

Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »

Après son expulsion forcée en Italie, Elena Mistrello, autrice de BD italienne dénonce dans Politis les moyens de contrôle, de surveillance et de répression déployés par l’État contre les personnes migrantes et les militants.
Par Pauline Migevant
« Nous, victimes du docteur Tran, perdues dans les limbes de la justice »
Justice 25 novembre 2025

« Nous, victimes du docteur Tran, perdues dans les limbes de la justice »

Au terme d’une dizaine d’années d’enquête, le docteur Tran comparaîtra devant la cour criminelle du Val-d’Oise en 2027 pour 112 viols et agressions sexuelles. Dans une tribune, quarante plaignantes alertent sur les délais de la justice.
Par Collectif