Syrie : jusqu’où peut aller Trump ?

Le président des États-Unis s’est ému de l’attaque à l’arme chimique de mardi en Syrie. Pourquoi un tel revirement ?

Denis Sieffert  • 6 avril 2017
Partager :
Syrie : jusqu’où peut aller Trump ?
© photo : RON SACHS / Ron Sachs - CNP / DPA

Au lendemain de l’attaque au gaz chimique qui a fait 86 morts, dont 30 enfants, mardi, à Khan Cheikhoun, une ville située au nord-ouest de la Syrie, sommes-nous en train d’assister à un changement de pied total de Donald Trump ? Le président américain a estimé que _« cette attaque sur des enfants a eu un énorme impact [sur lui] ». « De nombreuses lignes ont été franchies », a-t-il déclaré.

Pourquoi ce revirement ? Après tout, on ne peut pas exclure que Trump ait un cœur, et que l’émotion des photos d’enfants asphyxiés par le gaz sarin l’ait submergé. Il a même évoqué devant la presse « les beaux petits bébés qui ont péri ».

Mais on peut surtout imaginer qu’il ait besoin de se défaire de l’image d’ami de Poutine qui lui vaut une enquête fort embarrassante du FBI. Son secrétaire d’État, Rex Tillerson, lui aussi soupçonné de liens étroits avec Moscou, s’est également empressé de mettre en demeure « les Russes » de « réfléchir vraiment à la poursuite de leur soutien au régime d’Assad ». Et l’ambassadrice des États-Unis à l’Onu, Nikki Haley, a fustigé la Russie pour n’avoir pas su « tempérer » son allié syrien.

Des « lignes franchies » qui en rappellent d’autres

Jusqu’où ce revirement peut-il aller ? L’évocation des « lignes franchies » rappelle évidemment l’ultimatum lancé par Barack Obama en 2013. Le président américain avait alors menacé Damas d’une intervention militaire en cas d’attaque chimique – menace qui n’avait finalement pas été suivie d’effet, lorsqu’au mois d’août de la même année, Bachar Al-Assad avait fait gazer la population de la Ghouta, une zone proche de Damas.

Une opération visant par exemple à détruire l’aviation syrienne n’est donc pas exclue. Nikki Haley a parlé de mesures unilatérales des États-Unis en cas d’échec d’une action « collective » des Nations unies. Mais ces discours de la nouvelle administration américaine ressemblent davantage à une pression pour contraindre Moscou à adopter un projet de résolution condamnant le régime d’Assad. Un projet rejeté par la Russie, mais qui faisait l’objet, jeudi, d’intenses discussions pour parvenir à un nouveau texte.

À lire aussi >> Notre dossier « Syrie : six ans pour détruire un pays »

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre
Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains

En fin de processus d’extraction, les orpailleurs illégaux utilisent de grandes quantités de mercure pour séparer la terre de l’or. Hautement toxique, ce métal lourd contamine non seulement l’environnement mais aussi les peuples du fleuve Maroni.
Par Tristan Dereuddre
« On ne pourra pas vaincre l’orpaillage illégal seulement par la répression »
Entretien 26 novembre 2025 abonné·es

« On ne pourra pas vaincre l’orpaillage illégal seulement par la répression »

Joël Sollier, procureur général de la République en Guyane, décrit l’organisation des réseaux d’orpaillage illégal sur le Haut-Maroni et les moyens à déployer pour une lutte efficace.
Par Tristan Dereuddre
Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan
Portrait 24 novembre 2025 abonné·es

Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan

Enfant d’El-Fasher, ville du Soudan aujourd’hui ravagée par les massacres, le trentenaire vit à distance la perte de son frère, le drame de sa famille et de son peuple. Depuis la France, il s’efforce de faire entendre une tragédie ignorée.
Par Kamélia Ouaïssa