Migrants : des militants décrivent l’envers du décor des évacuations

Le Collectif parisien de soutien aux exilé-e-s (CPSE) et l’association Paris d’exil alertent sur la réalité des évacuations de campements de migrants dans la capitale.

Vanina Delmas  • 18 mai 2017
Partager :
Migrants : des militants décrivent l’envers du décor des évacuations
Photo : Des migrants se sont installés entre les rochers déposés par la mairie de Paris, porte de La Chapelle.
© MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY

À chaque évacuation de campements de migrants, il y a l’opération de « mise à l’abri humanitaire » médiatisée par les pouvoirs publics, et la réalité de terrain. C’est cette dernière que le Collectif parisien de soutien aux exilé-e-s (CPSE) et l’association Paris d’exil décrivent dans leur billet Évacuation et mise à l’abri : les à-côtés d’un récit officiel, suite à l’évacuation du 9 mai à la porte de La Chapelle.

À lire aussi >> Une ultime évacuation pour finir le quinquennat

Présents depuis des mois aux côtés des migrants, les bénévoles rapportent plusieurs mauvaises expériences survenues après chaque évacuation depuis celle de Stalingrad en février 2016 jusqu’à celle de la semaine dernière :

Mardi dernier, un bus a fait le trajet (100 mètres) entre la porte de La Chapelle et un centre d’hébergement d’urgence bien connu pour ses dysfonctionnements, la Boulangerie ; sur place, trois Érythréens de 25-30 ans, après avoir posé leurs affaires, reçoivent un papier et une explication concernant un bus à prendre à 22h20 à la porte Maillot. Le tout est en français dans le texte et en arabe à l’oral. Ils ne parlent et ne lisent que le tigrinya. Ils reviennent le soir devant le centre, on leur refuse l’entrée, alors que toutes leurs affaires sont dedans. Ils auraient dû, en fait, aller à porte Maillot pour trouver, à 22h20, un bus de recueil social, afin d’être acheminés… à la Boulangerie. Se retrouvant dehors et sans rien, ils ont finalement été hébergés par une personne solidaire.

Au-delà de ces témoignages, ils pointent judicieusement le manque de vision à long terme de l’État d’où le « sous-dimensionnement systématique des dispositifs d’accueil » engendrant la multiplication des campements de rue et « le fantasme d’un déferlement incontrôlable de « migrants » ». Un rappel à l’ordre plus que nécessaire quand Emmanuel Macron, reçu en grande pompe par la maire de Paris, Anne Hidalgo, le jour de son investiture, a salué la gestion de la crise des migrants par l’édile parisienne.

À lire aussi >> notre dossier sur l’accueil des migrants Paris, terre d’accueil ou terre d’écueil ?

À lire aussi >> Réfugiés : le mythe de l’appel d’air

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Sécurité sociale : le musée des horreurs du gouvernement
Austérité 4 novembre 2025

Sécurité sociale : le musée des horreurs du gouvernement

Si le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a été rejeté en commission des Affaires sociales, les débats en séance pourraient ressusciter certaines mesures éruptives. Attention, la troisième va vous surprendre !
Par Lucas Sarafian
Ces personnalités de gauche qui obsèdent l’extrême droite
Portraits 29 octobre 2025 abonné·es

Ces personnalités de gauche qui obsèdent l’extrême droite

Rokhaya Diallo, Rima Hassan, Sandrine Rousseau, Adèle Haenel, Judith Godrèche et Éric Fassin : des noms systématiquement visés par le camp réactionnaire à la moindre prise de position ou de parole. Portraits.
Par Lucas Sarafian, Salomé Dionisi et Hugo Boursier
À la prison de la Santé, plus d’un millier de détenus dans l’ombre d’un seul, Sarkozy
Reportage 28 octobre 2025

À la prison de la Santé, plus d’un millier de détenus dans l’ombre d’un seul, Sarkozy

Le lundi 27 octobre 2025, les députés insoumis Ugo Bernalicis et Danièle Obono ont pu visiter la prison de la Santé pour échanger avec des détenus sur leur quotidien. Ces derniers racontent des cellules bondées, loin de la médiatisation autour de l’ex-chef de l’État.
Par Maxime Sirvins
Entassés dans des containers, 50 détenus de Kanaky gagnent au tribunal
Décryptage 28 octobre 2025 abonné·es

Entassés dans des containers, 50 détenus de Kanaky gagnent au tribunal

Une semaine après l’entrée à la prison de la Santé de Nicolas Sarkozy, une autre réalité carcérale a surgi, ce mardi 28 octobre. Saisi en urgence par 50 détenus du principal centre pénitentiaire en Kanaky/Nouvelle-Calédonie, le tribunal administratif a reconnu des conditions de détention indignes.
Par Hugo Boursier