Repenser les luttes et les rêves

Dans Manifeste des œuvriers, Roland Gori, Bernard Lubat et Charles Silvestre interrogent les transformations du travail.

Ingrid Merckx  • 28 juillet 2017
Partager :
Repenser les luttes et les rêves
© photo : Thierry Zoccolan / AFP

Retour à l’œuvre. Entre chômage et loi travail, Roland Gori, psychanalyste, Bernard Lubat, musicien de jazz, et Charles Silvestre, journaliste, se retrouvent à la croisée des chemins : tous trois ne sont-ils pas des « œuvriers », des mains à la tête, du geste à l’exercice savant ?

« L’œuvre bouleverse celui qui invente comme celui qui en est l’interlocuteur. Elle développe, par le commun, l’humanité dans l’homme », définit ce manifeste qu’ils ont coécrit « pour renouveler la pratique des métiers manuels et intellectuels ». Le premier intérêt étant de ne pas opposer ces métiers mais de les rassembler – avec les ouvriers, les infirmières, les enseignants, les médecin, les juges, les artisans… – autour de ce qu’ils ont en commun : le fruit de leur travail.

Dans ce joli mot d’« œuvrier » qui n’est pas seulement transdisciplinaire mais aussi transclasse, les trois utopistes entrevoient la possibilité d’une solution à « la crise ». Ils remontent à la création du Conseil national de la résistance jusqu’au mouvement du printemps 2016 contre la loi travail en passant par l’Appel des appels en 2008. Ils considèrent Nuit debout comme « le dernier né d’une famille recomposée de la contestation sociale ». Surtout, ils devinent dans les actuelles transformations du travail la nécessité de refonder les luttes et les rêves.

« Et toi, lecteur, ce mot d’“œuvrier” te parle-t-il ? Te donne-t-il l’envie de présenter ta version, d’imaginer une suite ? », interrogent les trois coauteurs en invitant au débat lors de plusieurs festivals d’été dont celui d’Uzeste, piloté par Bernard Lubat jusqu’au 28 juillet. Ou la Fête de l’Huma, qui s’ouvrira, le 15 septembre, par une Soirée des œuvriers.

Manifeste des œuvriers Roland Gori, Bernard Lubat, Charles Silvestre, Actes Sud/LLL, 80 p., 9,5 euros.

© Politis
Idées
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Notre mort est toujours considérée comme libératrice par cette société » 
Entretien 27 mars 2024 abonné·es

« Notre mort est toujours considérée comme libératrice par cette société » 

De nombreuses personnes handicapées s’opposent à l’euthanasie mais ne sont pas entendues. Une forme de validisme que dénonce l’avocate et militante féministe Elisa Rojas.
Par Hugo Boursier
À la grande Aya Nakamura, la patrie reconnaissante ?
Intersections 27 mars 2024

À la grande Aya Nakamura, la patrie reconnaissante ?

La chanteuse, star à l’international, serait indigne, sondages à l’appui, de représenter la France lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Pourtant, c’est elle qui est une chance pour le pays et non le contraire.
Par Maboula Soumahoro
Le secret des États, mal nécessaire ou impasse démocratique ?
Démocratie 27 mars 2024 abonné·es

Le secret des États, mal nécessaire ou impasse démocratique ?

Le politiste Sébastien-Yves Laurent interroge le rôle du secret dans le fonctionnement des États, à l’heure où l’on souhaiterait une certaine transparence démocratique. En vain, une part clandestine de tout État demeure.
Par Olivier Doubre
« J’ai autre chose à faire que de répondre aux gens qui sont choqués dans la vie »
Entretien 20 mars 2024 libéré

« J’ai autre chose à faire que de répondre aux gens qui sont choqués dans la vie »

« Benyamin Netanyahou, c’est une sorte de nazi sans prépuce. » Pour cette formule, Guillaume Meurice, l’humoriste star de France Inter, a reçu une convocation devant la police judiciaire. Dans son nouveau livre, Dans l’oreille du cyclone, il revient sur cette polémique et rappelle l’importance de défendre la liberté d’expression.
Par Pierre Jequier-Zalc