Perquisition générale à Bure

La répression se poursuit contre les opposants au projet d’enfouissement de déchets nucléaires.

Politis  • 26 septembre 2017
Partager :
Perquisition générale à Bure
photo : Jean Christophe VERHAEGEN / AFP

Les opposants au projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaire de Bure (Meuse) parlent d’un « acte de censure complet » : le 20 septembre, 150 gendarmes débarquent simultanément dans cinq de leurs lieux de vie pour y mener une perquisition conclue par la confiscation de 40 ordinateurs, de 60 téléphones, de livres et même d’un photocopieur. « On veut tuer la résistance !, clame un opposant. Et dans la violence : on se dirige vers une nouvelle “affaire Tarnac”. » Des personnes ont été mises en joue par des armes à feu, des portes (ouvertes) enfoncées et de « gros calibres » – de simples masses et des feux d’artifice – ont été saisis.

Spontanément, des manifestations de solidarité se sont tenues devant des préfectures dans une vingtaine de villes en France. À la suite de l’appel lancé par les opposants, de nombreux dons financiers et matériels ont afflué. Des comités de soutien se constituent, ils sont invités à se réunir à Bure le 21 octobre, en prélude à une journée de construction collective d’une cabane, le lendemain, dans le bois Lejuc, plus que jamais occupé par les opposants. Ce rassemblement sera aussi l’occasion de ressemer des champs qui ont fourni cette saison trois tonnes de blé panifiable et ­plusieurs tonnes de pommes de terre.

« La lutte a dépassé le cadre local, elle devient un pôle de mobilisation à portée nationale, commente un opposant. Le mouvement pourrait bien devenir le prochain “Notre-Dame-des-Landes”, si le projet d’aéroport est abandonné par Nicolas Hulot. »

Le ministre de l’Écologie, qui doit prendre sa décision en décembre prochain, reste en revanche mutique sur Bure, en dépit des interpellations. Les opposants se font un plaisir de faire circuler une photo datant de 2016 où l’on voit le ministre tenant une pancarte : « Cigéo-Bure, je dis non ! »

Les échos Écologie
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre
Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains

En fin de processus d’extraction, les orpailleurs illégaux utilisent de grandes quantités de mercure pour séparer la terre de l’or. Hautement toxique, ce métal lourd contamine non seulement l’environnement mais aussi les peuples du fleuve Maroni.
Par Tristan Dereuddre
Au Chili, sur l’île de Robinson Crusoé, comment la pêche est restée durable
Reportage 19 novembre 2025 abonné·es

Au Chili, sur l’île de Robinson Crusoé, comment la pêche est restée durable

Perdu au milieu du Pacifique à 670 kilomètres des côtes chiliennes, l’archipel mondialement connu pour avoir inspiré le célèbre roman de Daniel Defoe est aussi un bijou de biodiversité marine que ses habitants ont su conserver depuis plus d’un siècle. Au contraire des ressources terrestres, qui se trouvent dans un état alarmant.
Par Marion Esnault
COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »
Carte blanche 17 novembre 2025

COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »

En Équateur, les conséquences sanitaires l’exploitation d’hydrocarbure, qui pollue l’air et les eaux, sont connues depuis des décennies. Leonela Moncayo, 15 ans, mène un combat contre ces torchères avec les Guerrières de l’Amazonie. Témoignage.
Par Patrick Piro