Alain Buffard : Empreinte sensible

Plusieurs hommages sont rendus cet automne au chorégraphe et danseur Alain Buffard, figure de la danse contemporaine mort en 2013.

Jérôme Provençal  • 18 octobre 2017 abonné·es
Alain Buffard : Empreinte sensible
© photo : Stéphane Barbier

Mort le 21 décembre 2013, à l’âge de 53 ans, Alain Buffard a laissé une empreinte profonde dans le champ chorégraphique français. Ayant d’abord été interprète pour des chorégraphes tels que Régine Chopinot et Daniel Larrieu dans les années 1980, il a conçu ses propres pièces à partir de la fin de la décennie suivante – du solo/autoportrait Good Boy (1998) à la très bigarrée pièce de groupe Baron samedi (2012). Mû par un désir d’expérimentation non conformiste, il a apporté une contribution essentielle au mouvement de renouvellement de la danse contemporaine. En 2014, ses archives personnelles et celles de l’association PI :ES, qu’il avait fondée en 1998 pour développer ses projets, ont été déposées au Centre national de la danse (CND).

Visant à valoriser ces archives, un ensemble d’événements est proposé jusqu’au 15 décembre par le CND et l’association PI :ES. Impulsée début octobre à Pantin, où se trouve le CND, et déployée ensuite dans plusieurs autres villes (Nîmes, Montpellier, Lyon, Rennes, Bordeaux, Toulouse), cette réactivation du corpus d’Alain Buffard donne lieu en particulier à la reprise – avec de nouveaux interprètes – de trois pièces emblématiques : Good Boy, Mauvais Genre (2003) et Les Inconsolés (2005), joyau d’une incandescente noirceur. S’y ajoutent notamment deux expositions (Buffard rembobine ! et Alain Buffard par Marc Domage), un workshop « Interpréter Alain Buffard » (animé par le danseur-pédagogue Christophe Ives) et la projection de My Lunch with Anna (2005), film réalisé par Buffard en dialogue avec Anna Halprin, figure pionnière de la danse moderne américaine qui a eu une grande influence sur lui.

« La diversité des événements reflète bien l’étendue du matériau contenu dans les archives et met en exergue les grands axes de la pratique artistique d’Alain Buffard », souligne le danseur et chorégraphe Matthieu Doze, qui a été l’un des plus proches collaborateurs de Buffard. « Son écriture a beaucoup évolué au fil des années, ajoute-t-il. Il a d’abord mené un travail autour de l’intime, en mettant son propre corps en jeu, et n’a cessé ensuite d’intégrer des questions à caractère politique dans ses pièces sans craindre d’aborder des sujets très sensibles, comme l’inceste et la pédophilie, par exemple [dans Les Inconsolés]_. Grand lecteur et admirateur de Foucault, il ne ménageait pas les tenants de l’ordre établi. »_

Calendrier complet des événements sur le site www.alainbuffard.eu

Spectacle vivant
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