33 universités encore mobilisées

Entre vacances scolaires et répression le mouvement étudiant contre la réforme de l’enseignement supérieur résiste.

Alexandra Scappaticci  • 26 avril 2018 abonné·es
33 universités encore mobilisées
photo : Marseille, université Saint-Charles.
© GERARD BOTTINO / CROWDSPARK

La mobilisation contre la réforme de l’enseignement supérieur dans les universités ne faiblit pas, malgré la répression. Jeudi 19 avril au soir, les étudiants qui occupaient un amphithéâtre de l’université de Strasbourg l’ont quitté à l’arrivée des CRS. Au petit matin du 20 avril, c’était au tour du centre de Tolbiac (Paris-I) d’être évacué, « dans le calme » selon les autorités, dans la violence selon les occupants présents. Plusieurs témoins affirment qu’il y a eu des blessés, dont un grave, ce que nient fermement la préfecture de police et l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Le même jour, la soixantaine d’occupants du centre Saint-Charles étaient contraints de quitter les lieux sous le regard des CRS. Le soir, des étudiants, réunis en assemblée générale à Paris-III Censier, étaient bloqués dans la rue par les gendarmes mobiles, pendant plus de trois heures. Le lundi 23 au matin, c’était au tour d’une quarantaine d’étudiants de l’université Grenoble-Alpes de faire face à la police. Selon des témoignages, certains auraient reçu des coups de matraque et du gaz lacrymogène. À Montpellier, c’est dans un campus Paul-Valéry vide d’occupants, ces derniers ayant quitté les lieux pour les vacances, que les forces de l’ordre se sont déployées pour enquêter.

Malgré ces démonstrations de force, et les congés, le mouvement résiste. Plus de quarante centres universitaires sont mobilisés à travers la France contre le projet de loi (assemblées générales, manifestations, débats…) et plusieurs sont bloqués au moins partiellement (Limoges, Lyon, Bordeaux, Nancy, Paris, Rennes, Nantes, Toulouse…).

Ce week-end, la coordination nationale étudiante a réuni, à Paris-VIII Saint-Denis, les représentants de 33 universités mobilisées. Ils exigent « le retrait de la loi ORE, l’arrêt des poursuites à l’encontre des étudiants mobilisés, l’arrêt des interventions policières sur les universités, la vérité concernant les blessés lors de l’évacuation de l’université de Tolbiac, un investissement massif dans l’éducation à hauteur des besoins » ; et affirment leur « soutien sans faille à tous les secteurs en lutte et à leurs revendications contre les mesures antisociales du gouvernement Macron – casse des services publics, précarisation générale du monde du travail, lois racistes et xénophobes ». Ils appellent à amplifier la mobilisation et enjoignent les salariés et les lycéens à les rejoindre dans la perspective d’une grève générale.

Pour aller plus loin…

À Nantes, la socio-esthétique apaise les corps des demandeurs d’asile
Reportage 2 décembre 2025 abonné·es

À Nantes, la socio-esthétique apaise les corps des demandeurs d’asile

Bulle de douceur, le travail de la socio-esthéticienne du centre d’accueil des demandeurs d’asile complète l’approche des travailleuses sociales en redonnant au corps la place centrale qu’il mérite, et à la personne, un temps pour soi.
Par Elsa Gambin
29 novembre : en France, une unité nationale inédite mais tardive de solidarité avec la Palestine
Mobilisation 28 novembre 2025

29 novembre : en France, une unité nationale inédite mais tardive de solidarité avec la Palestine

Ce samedi de Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, une manifestation nationale rassemblera à Paris plus de 85 organisations : associations, syndicats et l’ensemble des partis de gauche. Une configuration inédite depuis le 7 octobre 2023, la plupart des structures politiques restant jusqu’ici en retrait ou divisées lors des mobilisations. Des rassemblements ont aussi lieu sur tout le territoire.
Par Caroline Baude
Dissolution d’Urgence Palestine : face aux rapporteurs spéciaux de l’ONU, la France botte en touche
Répression 28 novembre 2025

Dissolution d’Urgence Palestine : face aux rapporteurs spéciaux de l’ONU, la France botte en touche

Fin septembre, le gouvernement français a été interpellé par quatre rapporteurs spéciaux de l’ONU sur les atteintes aux droits humains qu’entraînerait la dissolution d’Urgence Palestine. Politis a pu consulter la réponse du gouvernement, qui évacue les questions, arguant que la procédure est toujours en cours.
Par Pauline Migevant
« Je ne veux pas être déportée » : au CRA d’Oissel, la mécanique de l’enfermement
Reportage 27 novembre 2025 abonné·es

« Je ne veux pas être déportée » : au CRA d’Oissel, la mécanique de l’enfermement

Si le centre de rétention administrative (CRA) d’Oissel-sur-Seine, situé en pleine forêt, n’existe pas dans la tête des gens habitant aux alentours, l’enfermement mental et physique est total pour les femmes et les hommes qui y sont retenus. Politis a pu y rentrer et recueillir leurs témoignages.
Par Pauline Migevant