Michel Pouzol : « Témoigner : une mission politique »

Michel Pouzol, ex-RMiste et ex-député, milite contre la stigmatisation et pour des mesures efficaces contre la misère.

Marie Pouzadoux  • 4 juillet 2018 abonné·es
Michel Pouzol : « Témoigner : une mission politique »
© photo : PATRICK KOVARIK/AFP

Michel Pouzol en sourit, mais il est conscient du sous-entendu dans l’étiquette « bon pauvre » que le monde politico-médiatique lui a collée. Ancien RMiste, il a connu la misère durant seize mois, avec sa femme, enceinte, et ses deux enfants, vivant dans un cabanon insalubre de 25 mètres carrés. Quelques années plus tard, il est élu député (PS) et débarque à l’Assemblée en 2012, unique en son genre sous les ors de la République.

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C’est le soir de sa victoire dans la 3e circonscription de l’Essonne qu’il évoque pour la première fois, très ému, son histoire personnelle : « Ce que vous avez fait ce soir : vous avez envoyé à l’Assemblée nationale un précaire, un petit-fils d’agriculteur, un ex-RMiste. » D’abord repéré par une journaliste du Parisien, il fait rapidement le tour des plateaux de télé, à sa grande surprise. Courtisé par les maisons d’édition, il finit par publier Député, pour que ça change, un livre où il se raconte mais propose aussi des pistes pour lutter contre la pauvreté et la pauvrophobie. Il est félicité, érigé en exemple. « Toi, tu as voulu t’en sortir », lui glissent certains politiques, même de droite.

Du livre est née l’idée du documentaire, dans la série Pourquoi nous détestent-ils ?, du producteur Alexandre Amiel, qui l’a contacté. Pour Michel Pouzol, « témoigner est une mission politique et citoyenne, au nom de tous ceux qui connaissent cette situation et qui n’ont pas la lumière sur eux ». Et s’il trouve la force de revenir sur ce qu’il a vécu de plus douloureux dans sa vie, « c’est grâce aux témoignages quotidiens du soutien des gens ». Il donne l’exemple d’un message qui lui a été envoyé par un citoyen belge. Après la projection-débat du documentaire, cet homme le remercie : « Je faisais partie de ceux qui portaient des regards sévères et durs sur les personnes vivant dans la pauvreté […]_. Je partageais tous ces_ a priori. Votre film a eu l’effet d’un électrochoc sur moi ; en l’espace d’une toute petite heure, vous avez changé ce regard. » Aujourd’hui dans les rangs de Génération·s, il poursuit son combat contre la pauvrophobie et demande une « une vraie politique de lutte contre la pauvreté ».

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