Halte à la pauvrophobie !
Le mépris envers les plus défavorisés, diffus dans la société, s’exprime jusque dans les discours et les mesures du Président.
dans l’hebdo N° 1510 Acheter ce numéro

J ’ai honte pour mes enfants et pour moi. On me juge et on m’humilie parce que je touche le RSA et que je vis aujourd’hui à l’hôtel. » Coralie, mère isolée de cinq enfants, expulsée en avril du logement qu’elle occupait depuis vingt ans, exprime le poids du regard des autres. Souvent injuriée, méprisée, elle est une victime de la pauvrophobie quotidienne. Cette étiquette de « pauvre » lui colle à la peau et devient statut social (1). « Je n’ai rien et je ne suis rien à leurs yeux. »
« Cassos », « assistés », « paresseux »… Les propos pauvrophobes se sont banalisés. Dans le monde politique, « ce dédain se retrouve à droite comme à gauche », affirme Jean--Christophe Sarrot, chargé de mission à ATD Quart Monde. Un rejet à tous les étages de l’échelle sociale. C’est même souvent chez les classes moyennes inférieures et populaires, à la lisière entre précarité et pauvreté, que la défiance est la plus grande, en dépit d’une proximité sociale, économique et souvent géographique. « La peur menaçante de tomber dans une situation identique instaure une distance sociale et morale », analyse Jean-Christophe Sarrot. C’est ce que souligne également Michel Pouzol dans le documentaire Pourquoi nous détestent-ils, nous les pauvres ? (2). « Le pauvre dérange parce qu’il incarne ce que l’on pourrait devenir », lâche l’ex-député frondeur, qui a lui-même connu la grande pauvreté.
C’est en 2016, à l’initiative d’une campagne menée par ATD Quart Monde, qu’est apparu le néologisme « pauvrophobie ». « La pauvrophobie, c’est penser que les personnes