Évry : la faute de la gauche unie ?

Le groupe FI de l’Assemblée nationale n’accueillera finalement pas Farida Amrani, candidate dans l’Essonne.

Agathe Mercante  • 28 novembre 2018 abonné·es
Évry : la faute de la gauche unie ?
© photo : Martin BUREAU/AFP

Ils partirent 17… et resteront 17. « Ce résultat est une déception », admet Manuel Bompard, en charge des campagnes de La France insoumise (LFI). Le groupe de l’Assemblée nationale n’accueillera finalement pas Farida Amrani, candidate pour la législative partielle de l’Essonne. Ce sera Francis Chouat, actuel maire d’Évry, successeur de Manuel Valls, ancien du PS, candidat désigné d’une partie des maires de droite de la circonscription et soutenu par la République en marche – lourd CV s’il en est – qui passera les portes du palais Bourbon. Au soir du premier tour, marqué comme le second par une abstention massive (83 %), la victoire semblait déjà mal engagée pour Farida Amrani, arrivée deuxième derrière le maire d’Évry, qui l’emporte finalement avec 59,1 %. La candidate, battue seulement de 139 voix en 2017 face à Valls, n’est pas parvenue à inverser la tendance, en dépit du soutien du candidat PCF Michel Nouaille et de l’appui du fondateur de Génération·s, Benoît Hamon.

En dépit ? Pas sûr. Selon les insoumis, les causes de la défaite sont à chercher justement du côté de cet appui. « La campagne de second tour, contre mon avis formellement exprimé, s’est faite sur le thème d’une soi-disant “gauche rassemblée”, avec guirlande de sigles et tout le reste du décorum de ce genre de discours, a constaté Jean-Luc Mélenchon dans un article au vitriol publié sur son blog, le lundi matin suivant. Au second tour avec la “gauche rassemblée”, nous faisons moins qu’au second tour de 2017. Cela mérite réflexion. » Et d’engager une marche arrière. Les chaleureux soirs d’été à Marseille, où le leader des insoumis cajolait la gauche, appartiennent désormais au passé, quand bien même ils ont porté leurs fruits : les socialistes Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann n’ont-ils pas rallié LFI ? Mais l’automne, les perquisitions au siège du mouvement, l’absence de soutien des autres partis lors des événements et la colère des gilets jaunes sont passés par là.

Dans une interview au Figaro, François Cocq, orateur national du mouvement, explique : « Ces derniers mois, nous sommes passés de la ligne du programme présidentiel visant à fédérer le peuple à une autre visant à prendre le leadership à gauche. » L’orateur, qui critiquait cette ligne d’ouverture aux autres partis, craint que ce revirement « ne soit qu’un habillage extérieur ». « La parole s’est décalée du cœur du mouvement vers le cœur institutionnel représenté par le groupe parlementaire », déplore-t-il. Une parole qui ne portera pas plus haut : il est désormais acté que le groupe de l’Assemblée restera inchangé.

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