CGT : Philippe Martinez fait son autocritique…

Dans une longue interview à Politis, le secrétaire général de la CGT s’exprime sur les difficultés du syndicalisme, le moment gilets jaunes ou encore son rapport à la France insoumise. Et révèle également son salaire.

Erwan Manac'h  • 30 janvier 2019
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CGT : Philippe Martinez fait son autocritique…
© Photo : Michel Stoupak / NurPhoto

Le mouvement des gilets jaunes « est aussi le reflet de nos difficultés », concède Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, dans une longue interview à Politis. À quelques jours de la première mobilisation nationale appelée par le syndicat depuis le début du mouvement des gilets jaunes (mardi 5 février), il alerte notamment sur le risque d’institutionnalisation du syndicalisme. « _Notre constat était juste [depuis 2016, sur ce sujet] et nous n’avons pas encore opéré les équilibres nécessaires », estime le leader syndical.

Je ne comprends pas qu’au niveau des organisations syndicales, au regard de la situation exceptionnelle dans le pays, nous n’arrivions pas à mettre de côté ce qui nous oppose pour nous rassembler.

Critiquée sur sa droite pour son « isolement », accusé au contraire de mollesse par une partie de sa base, Philippe Martinez révèle que des discussions avec Force ouvrière et la CFDT étaient proches d’aboutir, mi-janvier, sur un appel commun en cours de rédaction. « Au dernier moment, ça n’a pas pu se faire, mais je ne peux pas vous dire pourquoi, car je ne le sais pas ! », lâche le numéro 1 de la CGT, qui se dit attaché à l’unité syndicale, « parce qu’elle est réclamée » :

Il s’exprime également sur les violences émaillant les rassemblements de gilets jaunes, pour dénoncer notamment « la désorganisation » des forces de l’ordre ayant entraîné des dérapages « inadmissibles » de la répression. Et s’inquiète d’« une colère qui se généralise » :

Les gens en ont marre de faire des manifs de Bastille à République pour qu’en face les dirigeants rigolent. Il faut une réponse politique d’urgence.

Au regard des relations parfois tendues qu’il entretient avec Jean-Luc Mélenchon, le leader de la CGT fait vœu « d’indépendance ». Il dévoile également son salaire pour tordre le cou aux « mauvais procès » sur le train de vie des dirigeants syndicaux.

À lire en intégralité >> Philippe Martinez : « Nous devons réfléchir autrement »

Travail Société
Temps de lecture : 2 minutes
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