Palestine, l’histoire vraie

Roland Nurier met en lumière le discours sioniste en tant qu’idéologie coloniale.

Denis Sieffert  • 5 novembre 2019 abonné·es
Palestine, l’histoire vraie
© Destiny Distribution

L’homme qui proclama la création unilatérale d’Israël, le 14 mai 1948, David Ben Gourion, eut ce mot qui résume tout : « Nous avons pris leur pays. » Cet aveu terrible est cité par Roland Nurier en exergue de son film Le Char et l’Olivier. À l’aide d’archives et d’entretiens avec des historiens, des journalistes engagés et des personnalités comme Leïla Shahid et Elias Sanbar, le documentariste s’attache à rétablir des vérités fondamentales sur les origines du conflit israélo-palestinien.

La première de ces vérités est sans aucun doute le caractère colonial du sionisme. Un colonialisme revendiqué dès l’origine, comme le rappelle Alain Gresh. Plusieurs intervenants soulignent également que le sionisme, présenté comme une réponse à l’antisémitisme européen, fut encouragé par des antisémites ou des États désireux de se « débarrasser » des juifs. Le sionisme est « la pire des réponses à l’antisémitisme, juge Pierre Stambul, parce que c’est une réponse par la séparation ».

Parmi d’autres contre-vérités officielles, il y a l’idée qu’Israël serait né de la Shoah. Or, s’il est vrai que l’immigration juive en Palestine est, comme le rappelle Dominique Vidal, devenue massive après-guerre, il est tout aussi vrai que les jalons de l’État avaient été posés dès les années 1920 avec une armée, la Haganah, un syndicat, la Histadrout, et une agence juive créée pour financer la colonisation. Puis ce furent le plan de « partage » de 1947, le terrible nettoyage ethnique qui s’ensuivit, la guerre de 1967, et jusqu’à la situation actuelle d’apartheid, autant d’époques revisitées ici en quête d’une vérité effacée des récits officiels. Le film de Roland Nurier, remarquable de pédagogie, donne aussi à réfléchir sur la puissance falsificatrice de l’idéologie sioniste. Il donne lieu actuellement à une série de débats auxquels Politis s’est associé.

Le Char et l’Olivier Roland Nurier, 1 h 41.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes