Christian Reynaud, 52 ans, éleveur de brebis

« Je gagne en moyenne 500 euros par mois. Il faut avoir le métier chevillé au corps. »

Nadia Sweeny  • 4 décembre 2019 abonné·es
Christian Reynaud, 52 ans, éleveur de brebis
© DR

J’ai repris la ferme familiale en 1993 », clame fièrement Christian Reynaud, du fond de sa petite exploitation des Hautes-Alpes, à Méreuil. Pendant plusieurs années, Christian a cumulé l’élevage de ses brebis avec un emploi alimentaire. « J’entretenais les réseaux d’aspersion qui arrosent les champs, pas très loin de chez moi. » Un pécule mensuel de 900 euros, que Christian a dû abandonner en 2013 à la suite d’un changement de propriétaire. Depuis, il s’occupe à temps plein de son élevage. « J’ai fait monter mon élevage de 160 à 240 animaux. Je me suis un peu agrandi. J’ai 140 hectares : 100 en prairies de montagne, réservées aux brebis, 12 pour le foin et environ 28 pour faire pousser des céréales. » Son objectif : être le plus autonome possible pour limiter les dépenses.

« Je vends mes brebis à la coopérative locale, je gagne en moyenne 500 euros par mois. Il faut avoir le métier chevillé au corps », admet Christian. Ce militant du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux) vit seul avec son père, retraité. « Il est parti en préretraite à 55 ans, puis à la retraite à 60. Il a commencé à travailler à 16 ans et il touche 998 euros. Moi, je n’aurai pas autant : à l’époque, il cotisait sur la surface ; aujourd’hui, c’est sur le revenu… » Pour en savoir plus, Christian a contacté sa caisse, la MSA : « Ils m’ont dit : “Vous êtes trop jeune, revenez plus tard !” Je n’ai aucune visibilité sur ce que je vais toucher, s’agace-t-il. Je ne suis pas contre une réforme mais, avec le système à points, on n’a aucune garantie sur la valeur du point. Nous, agriculteurs, on a droit à deux hectares de “subsistance” pour faire pousser quelques fruits et légumes, mais bon, c’est physique. Je suis inquiet ! » Le 5, Christian défilera dans les rues de Gap.

Économie Travail
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Appel des intellectuels de 1995 : « Bourdieu a amendé notre texte, en lui donnant une grande notoriété »
Entretien 4 décembre 2025 abonné·es

Appel des intellectuels de 1995 : « Bourdieu a amendé notre texte, en lui donnant une grande notoriété »

L’historienne Michèle Riot-Sarcey a coécrit avec quatre autres chercheur·es la première version de l’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes, alors que le mouvement social de fin 1995 battait son plein. L’historienne revient sur la genèse de ce texte, qui marqua un tournant dans le mouvement social en cours.
Par Olivier Doubre
L’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes de 1995, tel que rédigé initialement
Histoire 4 décembre 2025

L’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes de 1995, tel que rédigé initialement

Ce texte fut ensuite amendé par certains militants et grandes signatures, en premier lieu celle de Pierre Bourdieu. Mais les cinq rédacteurs de sa première version – qu’a retrouvée Michèle Riot-Sarcey et que nous publions grâce à ses bons soins – se voulaient d’abord une réponse aux soutiens au plan gouvernemental.
Par Olivier Doubre
Budget : une mobilisation pour éviter l’austérité annoncée
Reportage 2 décembre 2025 abonné·es

Budget : une mobilisation pour éviter l’austérité annoncée

À l’approche du vote final du PLFSS, près de 150 rassemblements ont eu lieu mardi à l’appel de la CGT, FSU et Solidaires. À Paris, le cortège était clairsemé, mais déterminé, dénonçant un budget austéritaire, la possibilité d’une adoption par ordonnances et une « année blanche » qui gèlerait les prestations sociales.
Par William Jean
Budget : le (très) décevant rapport sur l’imposition du patrimoine      
Analyse 2 décembre 2025

Budget : le (très) décevant rapport sur l’imposition du patrimoine      

Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a rendu, ce 1er décembre, un volumineux rapport sur l’imposition du patrimoine. Si celui-ci dresse le constat d’une imposition « très inégalitaire », ses recommandations restent, dans l’ensemble, peu ambitieuses.
Par Pierre Jequier-Zalc