L’acte III de la mobilisation pour les retraites

Politis était de nouveau avec les manifestants du 17 décembre, pour la troisième journée de manifestations contre la réforme des retraites. A Paris, la rue ne désemplit pas. Reportage et rencontres, en sons et en images.

Nadia Sweeny  • 18 décembre 2019 abonné·es
L’acte III de la mobilisation pour les retraites
© PHOTO: Samuel Boivin / NurPhoto / AFP

C’est encore la police qui a ouvert le bal de la grande manifestation du 17 décembre. Une démonstration de force qui laisse pantois les Parisiens, et les poussent à quelques réflexions…

Après vérification sur plusieurs équipes, peu d’entre eux arborent leur RIO – numéro d’identification, normalement obligatoire… Certains sont même complètement impossibles à reconnaître.

© Politis

Puis, sur les marches de l’Opéra Bastille, grand moment d’émotion avec les chœurs et l’orchestre de l’Opéra de Paris, impactés de plein fouet par la retraite sauce Macron.

Voici les paroles :

Ohé artisans, musiciens et danseurs, c’est l’alarme !
Ce soir, le spectacle connaitra le silence et les larmes
Montez sur la scène, faites entendre la colère, camarades !
Nos armes, simplement la musique, et notre art pour parades
Ohé, gestionnaires, actionnaires, ministères, tuez vite
Ohé saboteurs, attention aux retours, dynamites
C’est nous qui jouons, qui chantons sur les planches pour nos frères
Retraites amputées, assassinés qui nous poussent en galère
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves
Ici nous, vois-tu, nous on chante et on nous tue, c’est la grève !
Ici chacun fait ce qu’il peut, ce qu’il fait quand il passe
Ami si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place
Demain nos enfants ne verront que le manque et le doute
Chantez compagnons en plein jour, la liberté nous écoute !
Ami, entends-tu la voix sombre des chanteurs qu’on malmène
Ami, entends-tu les cris sourds de nos cœurs, de nos peines…

Emmanuel Mendès, délégué syndical de la CFDT pour l’Opéra de Paris, nous explique la colère des artistes.

Le cortège s’avance, et au loin nous reconnaissons un groupe de gilets jaunes que nous avions croisés à la manifestation du 7 décembre. Benjamin tenait un drapeau français, endommagé par des tirs de lacrymogène. Mais peu importe, il paye ses impôts, dit-il, et il est toujours aussi mobilisé :

Puis, nous croisons un retraité anonyme. Ingénieur, il a découvert, au moment de liquider sa retraite, les effets de la loi Balladur : sa pension est calculé sur les 25 meilleurs années, et non plus les dix. Il a perdu un tiers de sa retraite et a commencé à utiliser la capitalisation. Dans la rue pour protester contre cette l’injustice de ce système qu’il explique lui même :

À cet état de fait, la jeunesse répond…

Dispersés de la place de la Nation à coup de lacrymogènes, nous croisons un groupe d’infirmières, venus de Besançon pour la marche des blouses blanches, dont une partie a rejoint la manifestation contre les retraites.

Isabelle, infirmière aux urgences et au SMUR, raconte son quotidien.

Pour Emilie, c’est déjà trop tard, dit-elle. Elle pense déjà à tenter sa chance dans un autre pays que la France.