Ces peuples indigènes qui luttent contre le réchauffement

En Amérique du Nord des communautés indiennes et Inuits ont constitué une union opiniâtre pour survivre aux dérèglements du climat.

Claude-Marie Vadrot  • 25 février 2020
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Ces peuples indigènes qui luttent contre le réchauffement
© Photo : Saumon sur la rivière Skagit aux États-Unis (Jean-Lou Zimmermann / Biosphoto / AFP)

En raison de leurs liens sacrés et anciens avec leurs terres et avec leur univers, et aussi parce qu’ils dépendent de façon vitale de la pêche, de la chasse et de leur agriculture pour survivre, les peuples et les tribus vivant en Amérique du Nord, sont en train d’adopter et de réclamer des stratégies face aux dérèglements climatiques. Afin de pouvoir sauver, sur leurs terres, leurs modes de vie. Qu’ils soient indiens ou Inuits, ils se battent contre les exploitations minières, les forages de pétrole, les coupes forestières, pour la faune, les poissons comme les saumons et les coquillages indispensables à leur vie traditionnelles.

Pendant des milliers d’années, par exemple, les Indiens de la côte Ouest des États-Unis ont édifié des enrochements sur le trait de la marée basse. Action de long terme qui leur avait permis, grâce aux dunes créées et aux pentes douces engendrées, de transformer une partie des côtes en parcs à palourdes et autres coquillages. Sources de vie et de revenus balayés par la montée des eaux. La tribu des Swinomish recueille actuellement les données qui leur permettraient d’installer des parcs artificiels leur procurant des palourdes pour se nourrir et pour les vendre. Ils ont été les premiers à imaginer une lutte contre le réchauffement pour palier la hausse des océans. Mais ils ont besoin de financements qui tardent à venir.

Un programme indien de résistance

Les Navajos incitent les tribus indiennes, aux États-Unis comme au Canada, notamment en Colombie britannique, à préserver les frayères à saumons en y plantant des arbres pour éviter les effets de la température des rivières comme la Skagit. Et tous se battent pour bloquer les projets miniers qui menacent la qualité de leurs cours d’eau. Toujours pour protéger une nourriture essentielle et une source de revenus – les huîtres victimes de l’acidification des eaux de mer –, ils ont fait déverser des centaines de tonnes de coquilles vides sur les plages en espérant que d’autres variétés d’huîtres plus résistantes puissent s’y installer et se développer.

Les communautés indiennes ont lancé un programme indien de résistance au changement climatique qui leur permet, du Sud au Nord, de chercher et de trouver des solutions pour sauver les produits de la mer mais aussi des plantations d’arbres pour tenter de limiter l’invasion maritime. Au Nord dans les villages dont les maisons et les immeubles s’écroulent parce que le permafrost fond et mine les fondations, les Inuits, travaillent à des solutions retardant le ramollissement des terres gelées depuis des milliers d’années. Ce sont eux et les tribus Cree vivant également dans le Nord de l’Alaska et du Canada qui bataillent pour sauver les végétaux et les animaux comme les rennes ou la faune sauvage qui ne parviennent plus à se nourrir en raison de l’évolution des températures et des précipitations de neige et de pluies. Comme le répète sans relâche le président de la communauté des tribus Swinomish, Brian Cladoosby_, « Nous mettons notre entourage non-humains au premier plan de nos préoccupations, qu’il s’agisse des arbres, des animaux, du ciel ou de l’eau. Nous ne les traitons pas comme des objets de laboratoire, nous les révérons. »_

Une lutte qui progresse

Sur ce thème et selon cette pensée qui progresse, une Union des 57 tribus qui luttent pour sauver leurs terres et leurs modes de vie explique que raisonner à l’échelle de Président ou de Premier ministre, réélus tous les quatre ans, les condamne à l’oubli et à la disparition. D’autant plus, expliquent fréquemment leurs représentants, « que les politiques d’assimilation de nos membres nous ont privés de tous moyens d’action sur l’évolution de notre environnement, entrainant un traumatisme culturel lié à l’alcoolisme et aux drogues. Pour briser ce cercle infernal nous devons renouer avec le respect de notre environnement. Mais ce changement c’est comme tenter de faire tourner un tank et cela ne se réussi pas en quelques jours. »

Écologie Monde
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