Le pangolin et le coronavirus…

Une  habitude alimentaire chinoise sans doute responsable de l’épidémie de coronavirus et de la disparition prochaine de ce mammifère victime d’un trafic international

Claude-Marie Vadrot  • 27 février 2020
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Le pangolin et le coronavirus…
© Photo : ROSLAN RAHMAN / AFP

L’une des « vertus » de l’épidémie provoquée par le Coronavirus – le mot pandémie fait encore peur – aura été de rappeler que l’un des principaux responsables de ce qui peut encore devenir un désastre planétaire, est un petit mammifère de trois à quatre kilogrammes nommé le pangolin. Les différentes espèces de pangolin vivent essentiellement en Afrique, en Asie du Sud-est et en Amérique du Sud. Autrefois appelé « fourmilier », il se nourrit surtout d’insectes qu’ils attrape avec sa langue

Les pangolins ne sont présents en Chine que sur les marchés parce que les Chinois raffolent de sa chair ; et aussi parce que les grosses écaillent, dont ce petit animal est recouvert, ont la réputation d’avoir des propriétés médicinales et des vertus aphrodisiaques. Lesquelles sont aussi illusoires, par exemple, que la bile d’ours brun prélevée dans des « fermes » où ils sont en permanence torturés, un cathéter recueillant ce liquide.

Pour le pangolin, la méthode est encore plus radicale. Il fait depuis des années l’objet d’un commerce international illégal interdit que les spécialistes douaniers de nombreux pays tentent d’enrayer. En vain puisque l’association TRAFFIC, créée en 1976 en Suisse par le WWF et travaillant souvent avec Interpol, explique qu’au cours des vingt dernières années près d’un million de ces animaux ont été vendus en Asie du Sud-est, essentiellement sur le territoire chinois. Un chiffre qui se base sur les saisies opérées dans les aéroports de Malaisie, de Singapour et du Vietnam.

Le pangolin en voie de disparition

On aura une idée de l’ampleur de ce désastre avec le chiffre de ce trafic, qui rapporte encore plus que celui de la poudre de cornes de rhinocéros, avec le montant des saisies douanières effectuées dans ces trois pays : près de 100 000 kilogrammes d’écailles entre 2017 et 2019. Depuis les années 70, les naturalistes estiment qu’au moins deux millions de pangolins, toutes espèces confondues ont été éliminées. Au point que l’espèce est désormais en voie d’extinction. Malgré la protection et les interdictions édictées par la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées (CITES) mise en place en 1975.

La progression de ce trafic de pangolins a été d’autant plus intense que la raréfaction a régulièrement fait grimper les prix, comme pour les autres contrebandes d’animaux, et que les risques judiciaires sont bien moindres que pour les drogues. Ce qui explique que ce commerce représente chaque année une vingtaine de milliards d’euros.

L’hypothèse de chercheurs chinois

Si le pangolin, qu’il s’agisse de la viande ou de ses écailles, est lié au virus en cours, c’est tout simplement que les chercheurs chinois ont expliqué dans les premiers jours de la crise, que le franchissement de la barrière animal-humain par un nouveau virus avait était été franchi sur un pangolin. Logique puisque dans la région concernée, il se consomme plus de viande de cet animal que dans d’autres régions de Chine. Ce qui explique que l’hypothèse de la transmission par les chauves-souris ait été officiellement abandonnée. Bien que ce petit mammifère ne soit pas plus aimé en Chine qu’en France.

Mais, peut-être que la crise en cours permettra au moins de sauver le pangolin…

Santé
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