La parole aux scientifiques : Les ouragans

Fabrice Chauvin : « Le Giec prévoit une intensification des phénomènes liés aux cyclones. »

Vanina Delmas  • 25 novembre 2020 abonné·es
La parole aux scientifiques : Les ouragans
© REB Images / Image Source / Image Source via AFP

Fabrice Chauvin, chercheur à Météo-France

Les cyclones sont des phénomènes météorologiques complexes car ils ont besoin d’une combinaison de plusieurs paramètres pour exister. En outre, ils interagissent avec l’atmosphère à beaucoup d’échelles spatiales et temporelles : les phénomènes se passant à l’intérieur vont de quelques centaines de mètres à plusieurs dizaines de kilomètres, et de quelques minutes à plusieurs jours, ce qui complique leur étude.

Je bataille régulièrement pour expliquer que le réflexe de penser que, s’il fait plus chaud, il y aura davantage de cyclones n’est pas forcément exact, car les cyclones répondent à des modifications de la circulation générale de l’atmosphère induites par le réchauffement. Et si une augmentation du nombre de cyclones dans l’Atlantique a été observée au cours des quarante dernières années, nous avons également constaté que cela coïncide avec un mode de variabilité naturelle des températures de surface de la mer dans le bassin Atlantique.

© Politis

Aussi étrange que cela puisse paraître, dans l’état actuel de nos connaissances, les modèles que nous utilisons avec des scénarios d’augmentation de CO2 dans l’atmosphère prévoient une légère baisse du nombre global de cyclones d’ici à la fin du XXIe siècle. C’est ce que disent les rapports du Giec, tout en faisant état d’une tendance à l’intensification des phénomènes : lorsque l’atmosphère se réchauffe, sa capacité à contenir de l’humidité augmente également, ce qui permet de mobiliser plus d’énergie liée à cette chaleur.

Par contre, à l’échelle des bassins océaniques (Atlantique, Pacifique, Indien), nous n’arrivons pas à trouver de signaux significatifs, donc nous ne donnons pas de tendances pour l’instant. La seule tendance robuste est l’augmentation des pluies associées aux cyclones. Et c’est tout de même primordial, car cela fait partie des phénomènes très dangereux associés aux passages de cyclones.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »
Carte blanche 17 novembre 2025

COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »

En Équateur, les conséquences sanitaires l’exploitation d’hydrocarbure, qui pollue l’air et les eaux, sont connues depuis des décennies. Leonela Moncayo, 15 ans, mène un combat contre ces torchères avec les Guerrières de l’Amazonie. Témoignage.
Par Patrick Piro
COP des peuples : un mouvement mondial contre les grands barrages
Récit 17 novembre 2025 abonné·es

COP des peuples : un mouvement mondial contre les grands barrages

Organisée à Belém, la rencontre biennale des personnes affectées par les grands barrages a célébré sa structuration à l’échelle mondiale. L’objectif : affronter les nouveaux défis d’une transition énergétique qui, bien souvent, ne fait pas plus cas des populations qu’auparavant.
Par Patrick Piro
Devant une usine de pesticides BASF, paysans, malades et médecins dénoncent « une guerre chimique »
Reportage 17 novembre 2025 abonné·es

Devant une usine de pesticides BASF, paysans, malades et médecins dénoncent « une guerre chimique »

À Saint-Aubin-lès-Elbeuf en Seine-Maritime, une action d’infiltration a été menée ce 17 novembre dans une unité du géant industriel allemand, pour dénoncer la fabrication de produits interdits en Europe, tel le fipronil.
Par Maxime Sirvins
« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »

Philosophe et autrice de L’Être et la mer, Corine Pelluchon appelle à regarder l’humanité depuis l’océan, pour repenser sa place, appréhender sa vulnérabilité et ouvrir à un imaginaire de la solidarité.
Par Caroline Baude et Hugo Boursier