Les salafistes, ultraorthodoxes intolérants

Ces sunnites prônent une vision rigoriste de l’islam, hostile aux valeurs de l’Occident et aux libertés individuelles.

Nadia Sweeny  • 11 novembre 2020 abonné·es
Les salafistes, ultraorthodoxes intolérants
À Brest, une mosquée sous influence salafiste.
© Dominique LEROUX / AFP

Les salafistes sont des sunnites orthodoxes qui prônent une vision rigoriste de l’islam, avec des interdictions très rigides comme celle de la musique ou encore la stigmatisation des femmes non voilées ou des non-croyants. Salafisme signifie « retour aux pratiques des pieux ancêtres ». Dénonçant ce qu’ils pensent être des « déviances » – chiisme, soufisme –, les représentants de ce mouvement sont cependant majoritairement peu enclins à investir la vie politique, prônant plutôt l’islamisation « par le bas ». Même si cette tendance tend à s’atténuer dans le monde arabe et que des exemples d’implications politiques de groupes salafistes existent : en Égypte, le parti Hizb Al-Nour – Parti de la lumière – a soutenu le coup d’État de Sissi contre les Frères musulmans.

C’est le wahhabisme saoudien – du prédicateur Mohammed Ben Abdelwahhab (1703-1792), dont se réclament tous les salafistes – qui est devenu le principal représentant de cette orthodoxie sunnite alors que, né au XVIIIe siècle, il a longtemps été considéré par le sunnisme majoritaire comme un courant hérétique. Mais le mouvement de « réislamisation » du monde arabe a été phagocyté par la vision saoudienne grâce à l’argent du pétrole : le wahhabisme est devenu le modèle de -l’orthodoxie sunnite. Dans les années 1960, l’accueil par les monarchies du Golfe des Frères musulmans fuyant l’Égypte et d’autres régimes arabes ainsi que leur rencontre avec des groupes salafistes créent une hybridation qui donnera naissance à des groupes violents : l’un prendra par exemple en otage la grande mosquée de La Mecque en 1979, dénonçant la corruption du régime saoudien et sa permissivité à l’égard de la culture occidentale. Ce rapprochement crée les prémices des groupes jihadistes comme Al-Qaida ou l’organisation État islamique.

L’Arabie saoudite, bien qu’elle soit l’un des principaux partenaires commerciaux de la France dans le monde arabe, est l’incubateur de cette vision de l’islam hostile aux valeurs de l’Occident, aux libertés individuelles, d’expression et de conscience. Aujourd’hui encore, l’islam enseigné dans les grands centres de formation d’imams et de jurisconsultes du monde entier est influencé soit par la doctrine des Frères musulmans, soit par le wahhabisme (depuis 1936, les autorités saoudiennes adoptent le terme « salafisme » plutôt que celui de « wahhabisme »). En France, le salafisme connaît un engouement depuis 2004, passant de 4 000 fidèles estimés à environ 40 000. Les lieux de prière sous influence des salafistes seraient une centaine sur un total de 2 300 en France.

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