Birmanie : Répression féroce contre les manifestants, Total « préoccupé »

La junte putschiste déchaîne sa violence mais le soutien chinois et russe n’augure pas d’une solution diplomatique.

Politis  • 31 mars 2021
Partager :
Birmanie : Répression féroce contre les manifestants, Total « préoccupé »
© Handout/FACEBOOK/AFP

Samedi 27 mars, l’armée a à nouveau tiré à balles réelles sur les opposants au coup d’État sortis en nombre dans les rues des principales villes du pays, provoquant un véritable bain de sang, avec pas moins de 114 morts, dont au moins sept enfants. Le lendemain, lors des funérailles de certaines victimes, les militaires ont encore ouvert le feu sur les personnes qui accompagnaient les dépouilles mortuaires. De nombreux opposants ont également été lourdement condamnés, quand certains ont disparu. D’autres ont préféré s’exiler, notamment en Thaïlande, ou dans les zones ethniques de la Birmanie depuis longtemps en résistance contre le pouvoir central, comme celle de l’ethnie karen. Mais pendant que l’armée visait à l’arme automatique des civils désarmés, la junte assistait samedi au traditionnel défilé de « la Journée des forces armées ». À côté des généraux, particulièrement choyés, les représentants de huit pays, dont le vice-ministre de la Défense russe et un ministre chinois, ainsi qu’un Indien. Cette présence de deux membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU n’augure pas d’une solution diplomatique ou de pressions internationales… Quant au groupe Total, il continue d’exploiter ses stations off-shore dans les eaux birmanes, après avoir versé plus de 229 millions de dollars de taxes et autres royalties en 2019 à l’État birman, et fournit plus de 50 % de l’énergie du pays. Au lendemain du coup d’État, Total s’est dit « préoccupé ». Il finance aujourd’hui clairement un régime qui assassine son peuple.

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier