Les ours s’imposent enfin dans les Pyrénées

Depuis leur réintroduction, les ours bruns n’ont jamais été aussi nombreux en France qu’en 2020, selon un récente étude de terrain.

Claude-Marie Vadrot  • 6 avril 2021
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Les ours s’imposent enfin dans les Pyrénées
© Photo : Oscar Diez Martinez / Biosphoto / Biosphoto via AFP

Grâce aux associations de protection de la nature, aux agents de l’ONF, de l’Office national de la chasse, et aussi aux habitants des Pyrénées depuis longtemps majoritairement favorables à leur retour, les ours bruns sont en train de s’installer dans les montagnes pyrénéennes. Malgré les critiques des chasseurs et d’une partie des bergers, et bien que trois ours aient été tués en 2020 à coups de fusil pendant la période de recensement. Ce ne sont pas les premiers ni hélas, probablement, les derniers puisque les surveillances dont les ours font l’objet les habituent à la proximité de l’homme, ce qui les rend plus fragiles face à ceux qui les menacent et les pourchassent encore.

64 plantigrades courent dans la montagne

Ces derniers perdent néanmoins de leur efficacité puisque les responsables du Réseau Ours brun, des associations Adet et de Ferus, viennent de publier un bulletin de victoire appuyé sur une longue étude de terrain : actuellement 64 ours vivent dans la chaîne des Pyrénées. Un chiffre qui se base sur ceux qui ont été aperçus ou dont les traces ont été vérifiées grâce à l’ADN. D’autres vivent probablement encore plus discrètement sur un territoire ursin de plus de 10 000 kilomètres carrés. Parmi eux 16 oursons issus de neuf portées, ce qui représente un espoir pour l’avenir et la preuve que les ours anciens et nouveaux sont en mesure de se rencontrer et donc de se reproduire. En 1995, ils n’étaient plus qu’une dizaine ; en 2019, le même réseau en dénombrait 58.

Malgré leur nombre, ces ours ne représentent toutefois pas encore une population viable. Pour assurer définitivement leur présence il faut, expliquent les spécialistes, qu’une cinquantaine d’individus, mâles et femelles, soient en âge et en état de santé de participer à la reproduction, et avec une bonne diversité génétique. Il faut également que les plantigrades éliminés par les tirs, les pièges et les empoisonnements puissent être remplacés par l’Etat, ce qui est rarement le cas. Surtout en période pré-électorale dans un pays où des élections sont toujours à venir.

L’autre satisfaction des associations et des spécialistes qui les pistent et les observent est que les dégâts sur les troupeaux protégés sont fortement en baisse : deux fois moins que les années précédentes. Ce qui rappelle que ces animaux sont bien omnivores et que la viande (celle des moutons en l’occurence) ne constitue pas l’essentiel de leur alimentation.

Reste à espérer qu’un jour, la résilience de cette espèce devienne suffisamment forte pour qu’il soit enfin possible de renoncer à les pister et à les géolocaliser. Pour que Néré, Bambou, Châtaigne, Blizzard, Camamellita, ses 3 oursons et tous les autres redeviennent totalement libres de circuler incognito dans les montagnes. C’est-à-dire que les humains leur fichent durablement la paix et se contentent d’être émerveillés de savoir qu’ils sont observés par des ours libres…

Écologie
Temps de lecture : 3 minutes
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