Naomi Klein : Retour aux bases

Naomi Klein livre son expertise des luttes pour la justice climatique et sociale aux jeunes générations d’activistes, tout en rendant hommage à leur vitalité et à leur radicalité.

Vanina Delmas  • 28 avril 2021 abonné·es
Naomi Klein : Retour aux bases
Naomi Klein se dit surprise par le bouillonnement de la jeunesse impulsé par Greta Thunberg.
© Fiora Garenzi/Hans Lucas/AFP

Naomi Klein ne tergiverse pas et affirme qu’il y a « trois feux qui couvent » : le changement climatique, l’intolérance qu’inspirent les migrant·es climatiques à certaines personnes, et surtout « celui qui brûle dans les entrailles des jeunes générations ». Ce dernier est la touche d’espoir, le « grain de sable » nécessaire – et tant attendu – pour consolider les résistances face à la culture économique dominante, que la journaliste dénonce dans ses enquêtes depuis plus de vingt ans (No Logo, La Stratégie du choc, Tout peut changer, Dire non ne suffit plus, Plan B pour la planète : le New Deal vert). Des références dans l’histoire du mouvement altermondialiste.

Son nouveau livre est une synthèse de ses pensées et observations mais ne cherche pas à faire la leçon. Au contraire, l’humilité et le partage d’expérience en sont les maîtres-mots. Car si, ces dernières années, Naomi Klein a souvent devancé l’actualité mondiale (crise des subprimes de 2008, prise de conscience écologique mondiale en 2015, Green New Deal…), cette fois, elle semble avoir été surprise par le bouillonnement de la jeunesse impulsé par Greta Thunberg. « Tandis que les militants d’avant s’intéressaient exclusivement aux symptômes de la crise climatique et environnementale, la génération actuelle s’attaque à la “maladie” elle-même : le système économique et social qui place les profits avant nos vies et notre avenir climatique ! » écrit-elle.

Le plus grand mérite du livre est sans conteste cette succession d’histoires, de portraits, d’exemples concrets de celles et ceux qui luttent pour la justice climatique et sociale. Qui connaît Autumn Peltier, du peuple autochtone Wiikwemkoong, qui se bat pour un accès à l’eau de qualité pour tous depuis ses 13 ans ? Et Elizabeth Wanjiru Wathuti, qui sensibilise des milliers d’écoliers kényans à l’environnement, héritage direct de Wangari Maathai, fondatrice du Mouvement de la ceinture verte ? Ou encore l’histoire des Heiltsuks, peuple qui s’est farouchement opposé au projet d’oléoduc Northern Gateway pendant quarante ans pour protéger ses terres de Colombie-Britannique, au Canada ? Des contre-récits inspirants, réunis dans un guide pratique transgénérationnel, plein de « munitions pour les activistes » et écrit à la demande de jeunes en manque de documentation pédagogique pour riposter, confie l’autrice dans L’Obs.

Les plus aguerris du mouvement pour la justice climatique et sociale ne trouveront pas de scoops. Mais pour les novices, les sceptiques ou les militants les plus assidus, c’est une base précieuse pour avoir une vision globale de la catastrophe climatique et sociale en cours. Revoir les bases n’est jamais mauvais, surtout quand les ennemis sont aussi puissants que le système néolibéral et le « capitalisme du désastre ».

Vaincre l’injustice climatique et sociale. Feuilles de combat à l’usage des jeunes générations Naomi Klein, avec Rebecca Stefoff, traduit de l’anglais (Canada) par Cédric Weis, Actes Sud, 304 pages, 18 euros.

Idées
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