Cosey Fanni Tutti : Libre comme l’art

Une passionnante autobiographie de l’artiste pluridisciplinaire – et indisciplinée –Cosey Fanni Tutti.

Jérôme Provençal  • 12 mai 2021 abonné·es
Cosey Fanni Tutti : Libre comme l’art
© Chris Carter

À la fois musicienne, plasticienne et performeuse, Cosey Fanni Tutti (née Christine Newby, en 1951) mène depuis cinquante ans une intense activité artistique intimement liée à sa vie personnelle. Sur la page d’accueil de son site Internet (coseyfannitutti.com) apparaît une devise idéalement synthétique : « My life is my art, my art is my life » (« Ma vie est mon art, mon art est ma vie »).

L’existence de cette artiste pluridisciplinaire (et très indisciplinée) se révèle en profondeur dans son autobiographie, Art Sexe Musique, désormais disponible en français. Pour l’écrire, Cosey Fanni Tutti a puisé dans ses souvenirs, collecté les témoignages de proches et aussi utilisé ses journaux intimes, précieux documents de première main dont des extraits (en italique) jalonnent le récit.

Chronologique, l’ouvrage démarre au début des années 1950, dans une Angleterre encore meurtrie par la guerre. Ayant grandi à Hull auprès d’un père autoritaire, d’une mère aimante et d’une sœur effacée, Christine Newby s’est vite forgé un caractère bien trempé et n’a pas tardé à s’émanciper. Au sortir de l’adolescence, elle a rompu avec son milieu familial et s’est engagée crânement dans une voie anticonformiste, propice à de multiples expérimentations, artistiques ou autres.

Durant les années 1970, Cosey Fanni Tutti a ainsi fait partie de COUM Transmissions, collectif se livrant à de très iconoclastes performances, volontiers sulfureuses, dans la lignée de Dada et de Fluxus. Elle est ensuite devenue membre du quatuor Throbbing Gristle (issu de COUM Transmissions), groupe iconique de la musique industrielle. Au début des années 1980, elle s’est lancée dans de nouvelles (et palpitantes) aventures musicales, toujours en cours, avec Chris Carter, par ailleurs son compagnon – avec lequel elle a eu un fils et auquel le livre est dédié.

En parallèle de la musique, Cosey Fanni Tutti a développé une importante œuvre plastique, à la lisière de la performance. Jeune, cherchant à alimenter son art tout en repoussant les limites, elle a aussi posé pour des magazines érotiques, joué dans des films X et pratiqué le strip-tease – expériences sur lesquelles elle porte un regard aiguisé, sans fard et sans complaisance.

De manière générale, l’auteure retrace son parcours dans un style simple et direct, avec la même liberté d’expression, si stimulante, qui caractérise autant sa vie que son art.

Art Sexe Musique, Cosey Fanni Tutti, traduit de l’anglais par Fanny Quément, Audimat, 488 pages, 20 euros.

Littérature
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