Vivre avec l’endométriose : Fanny Pandolfi, 37 ans, vétérinaire

« On a mis un mot sur ta douleur mais tu ne sais pas pourquoi tu l’as, ni comment tu vas la guérir. »

Pascale Bonnardel  • 21 juillet 2021 abonné·es
Vivre avec l’endométriose : Fanny Pandolfi, 37 ans, vétérinaire
© Adrien Chacon

J’ai eu des règles douloureuses quasiment dès l’adolescence, mais on te dit « les règles, ça fait mal, c’est normal ». Donc j’ai accepté de subir la douleur, même si elle a augmenté avec le temps. Dans la période entre l’ovulation et les règles, c’était un supplice, j’avais le ventre bétonné. Au moment des règles, j’avais l’impression qu’on me transperçait les intestins avec un poignard, au point que parfois ça m’arrêtait net dans un mouvement et que j’étais presque incapable de rester debout.

J’avais bien sûr consulté des gynécos, mais personne n’avait évoqué l’endométriose. Elle a été diagnostiquée quand j’avais 32 ans, alors que je m’interrogeais sur la persistance de certains symptômes malgré une intervention consécutive à une dyskératose du col de l’utérus. L’endométriose t’oblige à t’écouter : on a mis un mot sur ta douleur mais tu ne sais pas pourquoi tu l’as, ni comment tu vas la guérir. Ça t’oblige à te réapproprier ton corps, à le repenser, à trouver ce qui pourrait le faire fonctionner différemment.

Pour moi, c’est passé par le sport. J’ai compris alors comment on entretient parfois sa propre douleur en adoptant inconsciemment une posture de protection. Au lieu d’arrêter cette douleur, tu viens finalement la nourrir. Alors que tu peux aussi, en pleine conscience, t’en libérer par un autre mouvement et une autre posture. Le yoga et l’escalade m’ont aidée à comprendre ça, j’ai appris à différencier les douleurs, ces moments où tu entres dans une forme de résistance qui doit t’amener à la résilience.

Société
Publié dans le dossier
Nos corps en bataille
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

À Mayotte, la police aux frontières expulse la mère d’un enfant en soins palliatifs
Reportage 15 décembre 2025 abonné·es

À Mayotte, la police aux frontières expulse la mère d’un enfant en soins palliatifs

Placé en soins palliatifs pour une hépatite A fulminante, N. a failli mourir seul. La raison : la police aux frontières de Mayotte avait choisi ce moment pour expulser sa mère Fatima, d’origine comorienne.
Par Christophe Decroix
Aux États-Unis, l’habit fait le trumpiste
Analyse 12 décembre 2025 abonné·es

Aux États-Unis, l’habit fait le trumpiste

Entre exaltation d’une féminité à l’ancienne, nostalgie d’une Amérique fantasmée et stratégies médiatiques, l’esthétique vestimentaire se transforme en arme politique au service du courant Maga. Les conservateurs s’en prennent jusqu’à la couleur rose d’un pull pour hommes.
Par Juliette Heinzlef
Naturalisation : des Palestiniens sous pression de la DGSI
Enquête 11 décembre 2025 abonné·es

Naturalisation : des Palestiniens sous pression de la DGSI

Convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieure alors qu’ils demandaient la nationalité française, trois Palestiniens racontent les entretiens durant lesquels on leur a suggéré de fournir aux Renseignements des informations sur le mouvement associatif palestinien.
Par Pauline Migevant
« La surveillance des Palestiniens en Europe est très répandue »
Entretien 11 décembre 2025

« La surveillance des Palestiniens en Europe est très répandue »

En Europe, les Palestiniens sont de plus en plus ciblés par les surveillances numériques ou les fermetures de comptes bancaires. Layla Kattermann, responsable de la veille pour l’European Legal Support Center, revient sur ce standard européen de surveillance.
Par William Jean