« Vedette » : Amitié bovine

Dans Vedette, Claudine Bories et Patrice Chagnard montrent une relation forte avec une vache.

Christophe Kantcheff  • 29 mars 2022 abonné·es
« Vedette » : Amitié bovine
© Les Films du Parotier

Le genre documentaire affectionne les vaches. Après Secteur 545, de Pierre Creton, ou Bovines, d’Emmanuel Gras, voici Vedette, de Claudine Bories et Patrice Chagnard. Quelque part dans les Alpes suisses, a lieu la rencontre entre une citadine, Claudine Bories, et Vedette, une vache vieillissante, ex-« reine » des concours de combats de vaches. Cette rencontre est introduite par les propriétaires, les éleveuses Élise et Nicole, qui entretiennent avec leurs bêtes des relations affectives.

Vedette, de Claudine Bories et Patrice Chagnard, 1 h 40.
Vedette n’est pas un film qui s’appréhende rapidement, à l’image de l’apprentissage de la vache par Claudine Bories, et réciproquement. Quand la citadine se retrouve seule (avec Patrice Chagnard à la caméra) en présence de Vedette, alors qu’Élise et Nicole sont parties sur d’autres pâturages, ses tentatives d’approche ne sont pas toujours habiles. Il faut du temps, et le film le prend.

Mais, petit à petit, l’animal et l’être humain entrent vraiment en relation. Claudine Bories apporte des quignons de pain (enfin !), lui lit des extraits d’un livre où il est question du statut des animaux, lui passe même un extrait de Carmen, de Bizet. La vache se laisse caresser, semble apprécier désormais sa présence.

N’est-ce pas un tour de force cinématographique que de nous faire assister à la naissance d’une amitié avec une vache ? Le mot est prononcé par Claudine Bories : le spectateur n’en est pas choqué. Au contraire : au vu de ce dont il est témoin, cette amitié relève de l’évidence. Vedette suscite une émotion qui n’a rien d’une sensiblerie de gens de la ville. Au contraire, celle-ci trouve sa source dans ce qui nous lie profondément aux animaux et à leur mystère. Le film de Bories et Chagnard, l’air de rien, questionne notre sacro-saint anthropocentrisme.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes