Le NPA hésitant face à l’union

Petit parti, petit score, mais grandes divisions : difficile de savoir si le NPA s’alliera finalement à l’Union populaire.

Daphné Deschamps  • 27 avril 2022
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Le NPA hésitant face à l’union
© Sameer Al-DOUMY / AFP

C’est un tout petit parti, qui pèse peu électoralement, mais revêt une importance symbolique. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ne s’en est jamais caché, il n’espérait pas faire un score faramineux à la présidentielle. Il n’était là que pour porter une voix et des idées anticapitalistes, grâce au temps de parole accordé à son candidat. Il est pourtant en tractations avec l’Union populaire.

Il faut dire que Philippe Poutou a acquis une réputation de « sniper » de la gauche, particulièrement grâce à ses flèches décochées contre Marine Le Pen et François Fillon en 2017, ou plus récemment contre Éric Zemmour dans le « speed-dating » présidentiel du premier tour sur TF1. Et ce franc-tireur plaît à la gauche anticapitaliste, qui aimerait bien voir officier à l’Assemblée nationale l’ancien ouvrier de Ford et actuel conseiller municipal de Bordeaux. Avec ou sans majorité de gauche d’ailleurs, puisqu’il pourrait aussi s’exprimer en tant que membre de l’opposition.

Encore faut-il qu’il soit candidat. En 2017, le NPA avait présenté, sans succès, une trentaine de candidats, bien loin des 366 présentés en 2012. « En même temps, une candidature aux législatives, c’est 3 à 4 000 euros », chiffre Julien Salingue, le monsieur « relations presse » du NPA. Et le petit parti anticapitaliste, qui a lutté jusqu’au dernier instant pour obtenir ses 500 parrainages synonymes de qualification pour le scrutin présidentiel, n’a pas vraiment les moyens de financer 577 candidats.

« Je ne veux pas de Poutou en marionnette pour le capital sympathie de LFI. »

C’est là que la main tendue de La France insoumise est intéressante, mais évidemment en fonction des conditions qu’elle propose. Un premier rendez-vous avec l’Union populaire a eu lieu la semaine dernière, mais pour le moment, ici comme ailleurs, rien n’est décidé. Et les discussions sont vives chez les trotskistes, habitués à discuter durement en interne, mais à afficher un front uni en public.

Quoique… Les rumeurs vont bon train, et les tensions avec elles. Le NPA a publié la semaine dernière deux lettres qui le disent « favorable à des candidatures d’union pour faire face à la droite et à l’extrême droite » ; elles seraient « un point d’appui important » pour la gauche, loin de l’hégémonie du PS. Mais, même dans un parti où les règlements de comptes sont rarement publics, cette volonté d’union pousse certains à élever la voix : dimanche, une tendance du NPA a publié un long communiqué fustigeant toutes les autres tendances, et affirmant que se joindre à une telle union de la gauche dans un objectif de « majorité gouvernementale » reviendrait à rallier la gauche sociale-libérale. « Après, même si Jean-Luc Mélenchon est Premier ministre, le NPA ne participera pas à l’exécutif, relativise Julien Salingue. La lettre publiée samedi dernier précise d’ailleurs qu’on ne prendrait pas de postes au gouvernement. »

Et concernant les demandes de La France insoumise ? Certains bruits de couloir parlent de Poutou et de Besancenot en candidats « non négociables », mais derrière l’étiquette Union populaire, et sans liberté de mot d’ordre. Ce qui déplaît. « On ne communiquera pas avant la fin des discussions », annonce Salingue. Et de préciser que toutes les instances du NPA seront parties prenantes des discussions.

La base militante du NPA est aussi divisée sur les modalités, même si la tendance semble être à l’union, avec des réserves. « Je ne sais pas si je serai satisfaite du résultat des discussions, mais je sais ce que je ne veux pas : Philippe Poutou en marionnette pour le capital sympathie de La France insoumise », résume une militante. Un avis qui semble partagé dans le parti.

Politique
Publié dans le dossier
Le moment de la gauche
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