Sur l’Europe, Aubry et Royal baratinent

Michel Soudais  • 19 novembre 2008
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Pour être élue, Martine Aubry et Ségolène Royal sont prêtes à prendre quelques distances avec la réalité. C’est particulièrement le cas sur l’Europe.

Interrogée sur sa première mesure concrète, la maire de Lille déclarait ce matin, dans Le Parisien : « Il nous faudra très vite rencontrer les socialistes européens pour élaborer un programme pour la campagne européenne 2009. »

Très vite ? C’est pas peu de le dire puisque le Manifesto , nom du programme commun que défendront les partis socialistes et sociaux-démocrates européens aux élection de juin 2009, sera adopté lors du prochain conseil national du PSE, le 1er décembre à Madrid. Soit deux jours à peine après la mise en place officielle de la nouvelle direction du PS, qui doit intervenir au conseil national du 29 novembre.

Inutile de préciser que ce texte, dont l’élaboration a commencé fin juin 2007, est aujourd’hui bouclé. L’Hebdo des socialistes, l’organe du PS y a d’ailleurs consacré un important dossier dans son numéro 507 du 8 novembre. Au cas où Martine Aubry n’aurait pas lu le journal de son parti, je l’invite à se reporter à la page 38, elle découvrira ce qu’en disait son ancien collègue du gouvernement Jospin, Alain Richard, vice-président du PSE :

Non seulement le Manifesto est «achevé» et le Conseil du PSE, qui se tiendra à Madrid, les 1er et 2 décembre, se contentera de l’avaliser, mais l’ancien ministre de la Défense fait état d’un désaccord qui subsiste :

Sur cette «formule de compromis» encore virtuelle, Alain Richard ne donne pas plus de précision.

Ségolène Royal ignore (ou feint d’ignorer) elle aussi que le programme du PSE est bouclé. Dans le «Contrat de gouvernance» qu’elle présente aux militants socialistes, elle propose, au point 2 de son «programme de travail en sept points» , d’organiser «un Forum global européen associant le PSE, partis socialistes et progressistes, syndicats, entrepreneurs, représentants des services publics, associations, ONG, universitaires des vingt-sept Etats-membres de l’Union» . «Tous ensemble , poursuit-elle, nous devrons élaborer une stratégie commune européenne face à la crise. Nous préparerons ainsi de la manière la plus unie possible les élections européennes de 2009, l’enjeu étant de faire naître une majorité de gauche au Parlement européen.»

Si elle avait lu L’Hebdo des socialistes elle saurait que les leaders socialistes européens ne l’ont pas attendu. Et qu’ils se sont réuni le 5 novembre à Bruxelles « pour esquisser les grandes lignes d’un plan d’action socialiste européen contre la crise économique » . « Cette réunion des « leaders » du PSE , précise L’Hebdo , était la dernière avant le prochain Conseil du PSE (1er/2 décembre 2008, à Madrid), qui avalisera le prochain « manifeste » des socialistes européens en vue des élections européennes de juin 2009. »

Parions que l’une comme l’autre, si elle est élue, tentera de nous faire croire qu’elle a obtenu des avancées.

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