Urgence sociale : les syndicats repasseront

Thierry Brun  • 18 février 2009
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Qu’avaient à faire les cinq confédérations syndicales en assistant à ce simulacre de « sommet social ? Si ce n’est à servir de caution aux mesures dites exceptionnelles sortant toutes du chapeau présidentiel. Et à se légitimer à l’Elysée pour tenter de canaliser la grogne sociale un 19 mars, sept semaines après la mobilisation du 29 janvier. Fin connaisseur, et grand manipulateur, le conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, appelle cela leur fonction « tribunicienne ».

C’était donc un passage obligé, une sorte de figure imposée pour éviter le risque de débordement social. Une mascarade organisée destinée à donner le change : l’Elysée a forcé la main des confédérations, qui n’ont pas trop le choix, pour maintenir l’illusion d’un dialogue social. Ouf, tout le monde est sauf ! Même si l’attitude patronale n’a jamais été aussi radicale que ces derniers jours. Laurence Parisot, patronne du Medef, a réitéré sa foi envers un capitalisme qui ne peut être que financier : « Chaque année, les actionnaires mettent plus de capital dans l’entreprise qu’ils ne reçoivent de revenus de ce capital », a-t-elle affirmé, ajoutant qu' »on a besoin, pour avancer, d’actionnaires ». Continuons ainsi…

Les partenaires sociaux en avaient discuté, cela n’était un mystère pour personne lors des réunions de préparation du « sommet ». L’urgence sociale était bel et bien verrouillée par le président du « pouvoir d’achat ». On ne touchera pas au cœur de la politique présidentielle. L’intervention télévisée qui a suivi le « sommet » n’avait d’autre but que de faire passer la pilule, amère, d’une intervention sociale réduite, qui n’a rien de bien effrayant pour les dirigeants du Medef et les entreprises du CAC 40.

1,4 milliards d’euros, puis 2,6 et peut-être plus, financés en grande partie par les contribuables et les salariés et beaucoup moins qu’on le dit par les intérêts versés par les banques, cela valait bien que le Président se prête à un numéro de funambule pour convaincre l’opinion que le dialogue social est toujours là.

Au fait, de quoi a-t-on discuté ? D’une politique qui n’a rien d’une rupture mais d’une continuité des mêmes logiques de soutien à un capitalisme financier. A-t-on remarqué qu’il n’a pas été question d’un plan de relance social mais juste de quelques mesures…
Aller plus loin nécessitait la mise en cause des orientations libérales du chef de l’Etat. C’était trop demander, même en pleine crise financière et économique. Comme l’a fort bien résumé Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy : « L’enjeu est de trouver des solutions à tous les problèmes sociaux sans changer de stratégie économique ».

Il fallait vendre une équation impossible à tenir dans un modèle économique de soutien sans faille au capital au moment où celui-ci est au plus mal.

On ne reviendra donc pas ici sur le saupoudrage présenté par Nicolas Sarkozy mais sur les propositions diamétralement opposées des syndicats. Mesurer le fossé qui sépare le gouvernement, et son refus de toute relance généralisée par la consommation, des syndicats en présentant les moyens que demandent ceux-ci pour répondre à l’urgence sociale. Cet exercice révélateur est sans doute celui qui a été le moins pratiqué ces derniers jours par les grands médias. Il est pourtant riche d’enseignement en consultant les documents ci-dessous.

Rappelons ici que huit organisations syndicales (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA) ont signé une déclaration commune pour « surmonter la crise », ce qui « implique des mesures urgentes en faveur de l’emploi, des rémunérations et des politiques publiques intégrées dans une politique de relance économique. »
Quelques organisations syndicales ont aussi présenté aussi leur mesures d’urgence. Les voici :

Temps de lecture : 3 minutes
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