Quand François Hollande se disait « socialiste »…

*Les téléspectateurs ont découvert* jeudi soir  que leur Président « n’est plus socialiste ». Il y a un an, presque jour pour jour, le candidat Hollande tenait un tout autre discours. Rappel pour mémoire.

Michel Soudais  • 29 mars 2013
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Illustration - Quand François Hollande se disait « socialiste »...

La confidence est venue au beau milieu de considérations sur le rôle de la France en Europe. Après 45’30 minutes d’émission, face à David Pujadas, François Hollande confie :
« C’est mon rôle, non pas simplement parce que je suis un président socialiste, d’ailleurs maintenant je ne suis plus un président socialiste, je suis le président de tous les Français, le président de la France. »
Sur les réseaux sociaux , la phrase est aussitôt reprise à la volée. Compactée. Brandie au minimum comme une maladresse, plus fréquemment comme un aveu. Elle résume à elle seule toute la distance que le chef de l’Etat met désormais entre « sa » politique et le programme que, candidat, il présentait. Et symbolise en quelques mots tous « les adieux à la gauche » (dixit Mediapart) recensés dans cette discussion télévisuelle.

En comparaison des propos que tenait le candidat François Hollande , il y a un an, le contraste est saisissant. C’est dans un entretien croisé avec Sigmar Gabriel, le président du SPD, publié dans Libération le 26 mars 2012, que le candidat avait été le plus affirmatif. Il s’agissait alors pour lui de nier être un véritable social-démocrate[^2] :
« Mon projet est socialiste et je suis socialiste. Je ne suis ni sensible aux sirènes du néolibéralisme ni partisan d’un Etat qui décide de tout au-dessus de la tête des citoyens, des forces sociales et des partenaires sociaux. Je ne suis ni un socialiste modéré ni modérément socialiste. Je suis socialiste, c’est tout. »  

Rares sont ceux qui s’étaient avisés que, dans cette réponse, la phrase la plus importante était évidemment celle qui précédait cet autoportrait :
« Il est bon, lorsqu’on fait campagne pour l’élection présidentielle, de garder une ligne claire. Mon projet est socialiste et je suis… »
A ce moment de la campagne électorale , Jean-Luc Mélenchon venait de réussir sa marche sur la Bastille. Il était impératif pour le candidat du PS de retenir les nombreux électeurs qui menaçaient de lui préférer le candidat du Front de gauche[^3]. D’où cette insistance inhabituelle à se dire « socialiste ».
Lors du discours du Bourget, deux mois auparavant, ce mot n’avait été employé qu’une fois.


[^2]: Les journalistes de Libération lui avaient demandé : « François Hollande, vous nous faites l’impression d’être un véritable social-démocrate, Partagez-vous cet avis ? »

[^3]: Un tiers des électeurs de François Hollande ont hésité à voter Jean-Luc Mélenchon, rappelait récemment Marie-Noëlle Lienemann.

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