Ukraine; spectaculaire retournement de vestes des parlementaires ukrainiens face à la Révolution. Julia Timochenko superstar

Claude-Marie Vadrot  • 22 février 2014
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Comme beaucoup de régimes corrompus et donc, pour le moins, autoritaires, celui de Viktor Ianoukovitch s’est écroulé en une seule nuit. Samedi, les parlementaires de la Rada (assemblée nationale, ont pour la plupart spectaculairement retourné leurs vestes. Certaines ont déjà tellement servi au cours des années passées, qu’il est devenu quasiment impossible d’en distinguer l’envers de l’endroit. Toute honte bue, des parlementaires ont donc accordé aux rebelles de Kiev et de l’Ouest du pays ce qu’ils réclamaient depuis trois mois.

La destitution du Président qui a pris la fuite, le retour à l’ancienne constitution, une nouvelle élection dés le mois de mai et surtout la sortie de prison de l’ancienne première ministre Julia Timochenko qui purgeait sept ans de prison après un procès politique dénoncé dans toute l’Europe.

Dans les rues ce sont les patrouilles d’insurgés qui contrôle les lendemains de cette révolution et qui gardent les bâtiments officiels qui sont pour la plupart abandonnés par l’ancien pouvoir. Comme la résidence présidentielle de 130 hectares qui a été livré à la promenade et à la curiosité de la foule, les gardes de la Révolution interdisant l’entrée du Palais lui-même pour éviter les pillages.
Ce retournement de vestes spectaculaire, qui concerne également les forces de police, ne peut pas faire oublier plusieurs éléments importants…

-Les autorités russes ont condamné ce qui s’est passé depuis vendredi soir.

-Les opposants vont devoir régler rapidement, si c’est possible, leurs graves divergences de vue sur la façon de gouverner le pays.

-Il n’est pas certain que l’Ukraine de l’Ouest, proche de la Pologne, accepte de rester liée à un pays qu’elle rejette depuis des années.

-L’extrême droite nationaliste qui a pesé de tout son poids, armé et militant, va rapidement demander des comptes pour le partage du pouvoir.

-Les parlementaires richissimes représentant les oligarques sont toujours présents dans les rangs de la Rada ; tout comme ceux qui ont soutenu le président Ianoukovitch jusqu’à ces derniers jours. Ils ont simplement eu peur de perdre leur pouvoir.

-Une partie des oligarques ont eu le temps de transférer l’essentiel de leur fortune à l’étranger, notamment à Chypre et dans des paradis fiscaux.

-Le pays est économiquement exsangue et ne pourra survivre qu’avec des fonds provenant de l’Europe ou de la Russie. L’Europe doit donc aider ceux qu’elle a finalement à gagner les trois mois d’une insurrection qui était au départ pacifique. Sinon, la Russie, avec le chantage au gaz reprendra d’une façon ou d’une autre le pouvoir.

-La majorité des Ukrainiens sont impatients de retrouver une situation économique leur permettant de vivre décemment en se débarrassant des « nouveaux riches » qui pillent le pays depuis des années.

-Il faudra rapidement trouver les moyens démocratiques de juger les responsables des massacres, notamment des 150 morts (chiffre aujourd’hui avancé) parmi les acteurs de la Révolution. Et également ceux qui ont abattu au moins une vingtaine de policiers.

-Il faudra aussi éclaircir le rôle de services spéciaux russe (les Spesnaz du FSB) qui ont précipité le dénouement de la révolte en participant aux tirs sur la foule depuis les bâtiments entourant la place Maidan.
-Pour ne pas à nouveau précipiter le pays dans les bras de la Russie, les nouveaux responsables ukrainiens devront éviter le retour des déceptions qui ont suivi la réussite de la Révolution Orange de 2005 et notamment du règne de Julia Timochenko qui a tenté samedi soir sur la place Maidan de faire oublier son régne désastreux. Et de prendre une option sur la suite de la recomposition politque du pays.

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