Vol MH 17 et Ukraine: la mystérieuse collaboration au désordre des services secrets russes

Claude-Marie Vadrot  • 7 août 2014
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Tandis que le monde, et plus particulièrement la France, oublie qu’un avion de ligne a été abattu en vol par un missile lancé par des ukrainiens pro-russes, tandis que des civils, des militaires ukrainiens et des miliciens rebelles continuent à mourir pour le contrôle (ou la reconquête) de Donetsk, les services spéciaux russes persistent à semer la pagaille et la mort au nom de Poutine dans l’Est ukrainien. Des transfuges du FSB, autrefois officiers du KGB dirigé par le président russe, s’efforcent de continuer à mettre la région à feu et à sang, le Kremlin estimant qu’à moyen terme la situation peut tourner à son avantage comme en Crimée.

Il y a d’abord Vadim Chevtsov que j’ai rencontré en 1991 à Riga, quand il organisait la répression des militants démocratiques tentant de libérer la Lettonie et que l’on retrouve quelques semaines plus tard en train d’organiser l’attaque de la télévision lituanienne au moment même où les forces américaines lançaient la Guerre du Golfe. Il agissait alors, sur les ordres de la frange la plus conservatrice du parti communiste soviétique qui allait quelques mois plus tard, au mois d’août, d’organiser un coup d’Etat contre Mikhaïl Gorbatchev prisonnier pendant quelques jours dans sa datcha de la Mer Noire pour avoir refusé de signer sa démission de chef d’Etat. En ce temps là, Chetsov était déjà également connu sous le nom de Vladimir Antioufeïev. Il se réfugia ensuite en dans la « république » autoproclamée de Transnistrie où on lui attribua le grade de « général » pour mettre en œuvre la présence de la Russie alors qu’il était officiellement recherché sur mandat d’Interpol.

Il y a ensuite un certain Igor Strelkov qui se présentait à Slaviansk comme colonel mais dont le véritable nom comme officier du service action du FSB serait Igor Guirkine. De nombreux journaliste ont eu l’occasion de le rencontrer en Bosnie aux côté des forces serbes lors de plusieurs massacres perpétrés contre les Bosniaques. Je me souviens l’avoir croisé, en 1994, dans un camp de forces spéciales en Tchétchénie près de Grozny. Il siégeait en compagnie d’un autre militaire surnommé « Le Hibou » par les Tchétchènes, et les deux hommes promettaient à des journalistes arrêtés sur une route de les faire juger par une cour martiale et fusiller pour « complicité avec les rebelles » contre le pouvoir de Moscou qui étaient en train d’infliger une raclée à l’armée blindée russe dans la capitale tchétchène assiégée.

Il y en a d’autres de cet acabit dans la région chargés d’entretenir le désordre. La plupart, notamment les Cosaques, ayant accompli leurs premiers exploits en Tchétchénie ou contre les Kosovars. Tandis que les militaires russes continuent de fournir des munitions et du matériel aux insurgés à travers la frontière. Lesquels se transforment de plus en plus souvent en pillards et rançonneurs de la population. Quand ils n’agissent pas eux-mêmes, ils tolèrent la présence et les pillages de ces bandes de plus en plus nombreuses.

La poursuite de cette entreprise de déstabilisation de toute une région au profit de la Russie, n’exclue évidemment pas que les services occidentaux et américains restent inactifs mais pour l’instant, ils ne fournissent si blindés, ni armes lourdes ni missiles aux forces régulières ukrainiennes.

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