Ceux qui font le monde d’après : l’opération nouvelle vague du président Correa

Se débarrasser des ganaches politiques du vieux système moribond apparaît désormais comme une impérieuse nécessité. Savoir par qui les remplacer en est une autre. Le président équatorien Rafael Correa expérimente une solution plutôt efficace.

Le Yéti  • 24 novembre 2014
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Ceux qui font le monde d’après : l’opération nouvelle vague du président Correa
Photo Rafael Correa : AFP

Rafaël Correa fut officiellement investi comme président de l’Équateur le 15 janvier 2007. Puis réélu en 2009 et en 2013. Sa première tâche fut de faire approuver une nouvelle Constitution enterrant selon ses vœux le « modèle néo-libéral » défendu par ses prédécesseurs, corrompus et totalement sous le joug du grand voisin Nord-américain. C’était bien sûr s’aliéner la quasi-totalité du personnel politique expérimenté de l’époque.

La trouvaille de Rafael Correa aura été alors de piocher sans se démonter dans les jeunes générations. Voyez la liste de ses ministres, regardez attentivement leurs visages. La majorité des membres du gouvernement équatorien se situe dans la classe d’âge des 30-50 ans !

Illustration - Ceux qui font le monde d'après : l'opération nouvelle vague du président Correa

L’opération Correa est transposable en France

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Et le fait est que ce recours audacieux à de (supposés) néophytes s’avère une excellente chose. Le cinéaste Pierre Carles et son équipe viennent d’entamer une longue enquête vidéo sur « L’Opération Correa » . La première partie est d’ores et déjà en accès libre ici [2]. On y apprend comment Correa et sa jeune équipe firent diminuer de manière conséquente le seuil de pauvreté dans leur pays, enrayèrent la hausse du chômage, relancèrent l’économie, restructurèrent d’autorité la dette publique en refusant les règles imposées par le FMI.

En novembre 2013, le président Rafael Correa fut officiellement invité en France. Mais, bien qu’il parlât parfaitement notre langue, aucun de nos médias mainstream ne daigna l’inviter pour faire part de son expérience « nouvelle vague ». On passera sur les excuses grotesques [3] avancées par les médiacrates habituels (Ivan Levaï : « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ! »).

Mais on peut aussi comprendre leurs réactions défensives de rejet devant la leçon magistrale délivrée par le président équatorien : nul n’est irremplaçable, aussi bien dans les sphères politique que médiatique, surtout pas eux. Pour peu qu’une volonté politique la soutienne, l’opération jeunesse de Rafael Correa est sans doute aisément transposable, immédiatement, un peu partout dans leur vieux monde révolu, France incluse .


« Opération Correa » (bande annonce)

[^2]: Les producteurs du film, C-P Productions, financeront la suite de l’enquête par le système du « crowfunding » (financement participatif). Chacun est donc invité à leur apporter son soutien .

[^3]: Parmi les critiques des médias français contre la présidence Correa figure la « censure » contre trois chaînes de télévision privées (appartenant à des banques). On notera que si l’on se référait au programme du CNR exigeant « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères » , TOUS les médias mainstream français devraient aujourd’hui être interdits pour manquement à la déontologie journalistique élémentaire en matière de neutralité.

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