Chasse au « fauve » en Seine et Marne: le tigre et le ridicule ne tuent plus !

Claude-Marie Vadrot  • 14 novembre 2014
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Une fois de plus, à peine réveillés après avoir quitté leur poste de télé et leurs canapés, des Français ont aperçu un fauve rodant prés de chez eux. Depuis une dizaine d’années, on ne compte plus les badauds gogos ou les angoissés nourris de leurs peurs et de leurs fantasmes, qui signalent le passage dans leurs champs ou leurs jardins, de panthères noires, de lions, de jaguars, de guépards et autres gros félins menaçant leurs vies, leurs enfants et leurs tranquillités.

Nul, au cours des années passées, n’a jamais retrouvé la trace de ces bestioles, en général confondues avec un gros chien ou un chat aux poils un peu longs. Mais bientôt grâce aux apprentis sorciers et aux hyènes de la FNSEA qui veulent éradiquer le loup en imaginant, et en tenant de nous persuader, qu’il va sauter aux basques de leurs « mille vaches » entassées dans leurs usines à lait ou qu’il va ravager leurs porcheries où s’empilent des milliers de cochons, un téléspectateur affolé dénoncera des canis lupus errant dans le bois de Vincennes, prêt, comme le chantait Regiani, « à entrer dans Paris « .

Le dernier venu ces fauves imaginaires désormais démesurément grossis par des téléphones portables, est donc le « tigre » qui rodait dans les plaines de la Seine et Marne. En menaçant la vie des enfants, en provoquant l’intervention de 200 gendarmes et d’un hélicoptère habitué à d’autres gibiers. Le ridicule a atteint son maximum avec la recommandation des autorités de ne pas laisser trainer les enfants aux portes des écoles. Ile ne manquait même pas à ce branle-bas de combat un ou deux lieutenants de louveterie, ces « officiers » bénévoles dont le titre est hérité du Moyen Age et dont le seul rôle est désormais de couvrir d’illégales et stupides chasses aux « nuisibles ». Comme si les nuisibles existaient dans un nature où chaque espèce à une fonction.

Pourtant, un peu tardivement consultés, des agents de l’Office national des forêts ou de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, avait discrètement expliqué qu’il ne pouvait pas s’agir d’un fauve et encore moins d’un « tigre d’une centaine de kilos ». Mais, au nom du délire sécuritaire, on ne les pas écoutés avant que les traces de la « bête » soient retrouvées dans la boue.

Il s’agirait donc d’un chat, un gros, et l’armada sécuritaire gendarmesque et policière a du remballer son matériel en attendant la prochaine manifestation. Heureusement que les grenades offensives sont interdites depuis hier, le matou aurait eu du mal à rentrer chez lui indemne !

Un instant, d’ailleurs, voyant la silhouette se découpant sur la mauvaise photo, j’avais eu un doute et j’ai cherché mon chat, un Norvégien de 7 kilos, craignant qu’il ait fugué en Seine et Marne. Mais je l’ai retrouvé, dépassant quand même d’un gros sac de croquettes (BIO) qu’il venait de sortir sans effort d’un placard. De toute façon, je me doutais bien que ce chat écolo ne pouvait pas aller trainer dans les plaines de Seine et Marne polluées par l’agriculture intensive…

Euclide, puisque tel est son nom, déclare en exclusivité au ministre de l’Intérieur qu’il n’a pas passé la nuit en Seine et Marne

Illustration - Chasse au "fauve" en Seine et Marne: le tigre et le ridicule ne tuent plus !

Curieusement, tous les médias, notamment la télévision, qui ont complaisamment enfourché cette invraisemblable histoire de tigre en insistant notamment sur le déploiement des forces de l'ordre au secours des Franciliens menacés par un animal sauvage, ont oublié de revenir sur leurs informations pour expliquer à quel point elle était ridicule !
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