Grexit : les USA mettent les pieds dans le plat d’Angela Merkel

Brève de Yéti

Le Yéti  • 9 juillet 2015
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Grexit : les USA mettent les pieds dans le plat d’Angela Merkel
Photo : AFP/Clemens Bilan

Illustration - Grexit : les USA mettent les pieds dans le plat d'Angela Merkel

Alors qu’on se dirige tout droit vers ce qui était prévisible depuis le début — un Grexit contraint et forcé (à défaut d’avoir été négocié) — le gouvernement américain vient soudain de s’alarmer d’une situation qui risque de s’avérer désastreuse tant au plan financier que géopolitique.

Comportement amateur ! s’est exclamé Jack Lew, l’actuel secrétaire au Trésor américain, à propos des négociations chaotiques entre la zone euro (allemande) et la Grèce. Pour une peccadille de quelques milliards de dollars, on risque d’en perdre des centaines (de milliards) à toutes le économies occidentales, y compris américaines, a-t-il poursuivi lors d’une intervention à la Brookings Institution de Washington.

Pire, un Grexit contraint et forcé (à défaut d’être négocié) précipiterait la Grèce dans les bras des BRICS et ferait perdre à l’Otan un avant-poste crucial sur son flanc sud face à l’infâme Poutine.

Une « coupe de cheveu » décoiffante

Ne croyant plus qu’Alexis Tsipras puisse céder aux exigences butées d’Angela Merkel ce que ses propres concitoyens ont refusé à une majorité écrasante par référendum, Jack Lew en appelle d’urgence à une décote de la dette grecque de 317 milliards… comme demandé par le gouvernement grec ! Plus humiliant pour Angela Merkel, tu meurs.

Pour bien enfoncer le clou, Jack Lew fait donner le clairon du FMI (dont on rappellera que le siège est opportunément à Washington). Retournant son jupon sans pudeur, Christine Lagarde, inflexible créancière avant le défaut grec du 30 juin, en appelle désormais elle aussi à une « coupe de cheveu » décoiffante dans la dette grecque.

Lire > Christine Lagarde juge «nécessaire» une restructuration de la dette grecque

Reste à savoir ce que sera la réaction d’Angela Merkel, déjà humiliée par le résultat du référendum grec, face aux très pragmatiques exigences américaines.

Dans un entretien ébouriffant avec Yanis Varoufakis, le philosophe John Elster note combien les émotions héritées de notre histoire peuvent affecter la rationalité des comportements humains. Or, depuis le début de ces « négociations », toute la conduite des dirigeants européens, sous manifeste emprise allemande, relève d’une irrationalité idéologique suicidaire, bien éloignée du pragmatisme américain.

En bref, de la baston dans l’air dans le camp occidental. Et sur son nuage de ministre retraité, Yanis Varoufakis peut s’étrangler de rire.

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