Les migrants nos impuissances et leurs malheurd: que faire quand se présenteront des millions de réfugiés climatiques ?

Claude-Marie Vadrot  • 4 août 2015
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Les ministres de l’Intérieur français et britanniques, proposent avec des mots creux qui n’abusent personne, de résoudre la question des migrants grâce à des « contrôles ». En faisant semblant de croire, comme les autres politiques, qu’il n’y aurait de migrants que dans la ville de Calais, que des candidats kamikazes du désespoir au passage vers la Grande-Bretagne. Alors que le campement de la honte installé prés de la ville ne comporte que quelques milliers de personnes. Comme si environ 200 000 d’Africains, de Syriens, d’Irakiens, d’Afghans, de Pakistanais, d’Erythréens ou de Libyens n’avaient pas réussi à joindre l’Europe par terre ou par mer depuis le début de l’année ; s’ajoutant à ceux de l’année précédente.

Les experts, les imbéciles, les racistes, les impuissants, les bien-pensants, les excités de droite et d’extrême-droite, les bonnes âmes de gauche et les journalistes gardent les yeux (ou les indignations pour certains) rivés sur quelques occupations et abcès de fixation, sur quelques camps , comme s’il n’était question de quelques courants migratoires éparses alors que la marée monte dans toute l’Europe avec une force proportionnelle au désespoir et à l’espoir des hommes et des femmes à la recherche de repos et de moyens d’existence.

Le flux des damnés économiques, religieux et politiques, les éclats meurtriers de l’explosion de nombreux pays du Sud abandonnés à leur sort, blessent l’Europe et nous rappelle à la fois notre responsabilité et notre impuissance. Car il faut être menteur (ou inconscient) comme un socialiste ou un conservateur anglais, cynique comme un « Républicain », idiot comme un centriste, ou obsédé comme un responsable du Front national pour dire ou même penser qu’il existe des solutions. Sinon à accepter ces migrants et, comme pour leurs prédécesseurs, et à les intégrer dans l’économique et le corps social. Sans les exploiter. Ce n’est pas évident car ces hommes et ces femmes nous posent des questions pour lesquelles nous n’avons pas plus de réponses que de remèdes aux malheurs révélés et exposés à nos égoïsmes.

En fait nous n’avons pas de solutions. Alors que feront nos pays quand il y aura des millions de réfugiés climatiques, ceux qui déjà en route dans leurs pays et souffrent déjà, qui viendront par mer, par terre frapper à la porte de l’Europe. Pour nous demander des comptes, pour nous demander pourquoi nous avons laissé la planète se dérégler et pourquoi les Nation Unies et les conférences successives sur le climat ont refusé de créer un statut de « réfugié du climat » ou de « réfugié environnemental » qui leur donnerait des droits. Comme les réfugiés politiques protégés en partie au moins par le HCR des Nations Unies créé au début des années 50.

Alors, on fera quoi face à la vague des exilés du climat ? On coulera leurs bateaux, on bombardera les ports d’où ils partiront, on les jettera à la mer, on mitraillera leurs routes et leurs chemins à travers la France et l’Europe, on construira de gigantesques barrières hérissées de barbelés comme les Hongrois, les Américains ou les Espagnols autour de leurs enclaves marocaines. En oubliant que poussés par le désespoir, les candidats à l’exil les escaladent à mains nues…

On ne fera rien et le Front national engrangera des voix sur nos impuissances et nos refus.

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