02 et 03-06-18, Dijon-Les Glières

Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.

Viviane  • 4 juin 2018
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02 et 03-06-18, Dijon-Les Glières
Etape 21, entre Pont-Saint-Esprit et Montélimar, les marcheurs sont encouragés sur la route par des enfants. L'accueil est souvent positif et la démarche soutenue par les Français rencontrés en chemin. Marche solidaire, 1400 km entre Vintimille et Londres.
© Jeremy Suyker / item

L'auteure : Viviane J'ai 25 ans, je suis originaire de Bretagne, j'ai fait des études de psycho. J'ai fait six mois de bénévolat à Calais puis j'ai été intégrée dans l'organisation de la Marche des migrants. Je ne sais pas où je serai dans six mois mais mon prochain projet est un voyage humanitaire au Togo. Mon père est vidéaste. Il m'a prêté sa caméra pour que je documente ce que je vis avec les marcheurs, mais je préfère écrire... Les photographes Le Collectif item est une structure de production indépendante qui se donne le temps et les moyens nécessaires pour construire de véritables sujets, pensés comme des récits photographiques à part entière. Il rassemble aujourd’hui 12 photographes, un graphiste et une vidéaste, autour de l’impérieuse nécessité de raconter le monde, pour ne pas rester les yeux fermés. Leurs travaux peuvent être vus sur leur site ici.
Ça y est, la moitié de la marche est atteinte ! Je commence vraiment à savoir gérer l’équilibre entre repos/activité physique et sociabilisation/solitude. Mais v’l’à ti pas qu’aujourd’hui nous cassons la routine en n’ayant rien programmé ! Je suis comme perdue, je ne sais pas quoi faire. Me reposer ou préparer les projets que j’ai après la marche ? Je n’y vois pas clair, je n’ai plus de repères et j’ai comme pas envie de m’occuper de ces nouveaux projets. Tout ça me donne un avant-goût de la dépression d’après marche. Malgré tout, ce matin, un nouveau projet est devenu plus concret : passer quelques temps dans la vallée de la Roya en septembre, et plus si affinités. Affaire à suivre.

C’est marrant, mon père vient de m’envoyer un article du Monde dont le titre est : « Bénévole auprès de migrants : une expérience « intense » mais qui peut devenir « dévorante » ». Il s’inquiète pour sa fille, je comprends mais j’en ai pas fini avec les migrants déso pas déso 😛 Papa, je pense savoir me protéger. J’ai longtemps culpabilisé parce que je ne pouvais pas m’empêcher de mettre une certaine distance entre les migrants et moi pendant les distributions à Calais, alors que je voyais d’autres bénévoles très proche d’eux. Pourtant, je savais que le côté social était ce qu’ils venaient chercher en plus d’un repas. Je donnais ce côté aussi, mais grâce à ma mini-guitare. J’ai compris que rester distante, c’était ma façon de ne pas me faire dévorer affectivement. En fait, je profite de la cause pour apprendre à me connaître et à connaître l’humain. Ce que je fais, je le fais pour moi (référence au billet du 21-05 et sa définition de l’altruisme).

Cédric disait pareil à l’avant-première de Libre_ au rassemblement des Glières de la CRHA (Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui). Nous y avons été invités ce week-end. En gros, se battre pour les droits des migrants c’est se battre pour l’égalité des droits tout court, donc se battre pour ses propres droits. Il le fait pour lui quoi.

Ce week-end, il y a eu des discours, du théâtre, des conférences, des films, des échanges. Bref, il s’est dit beaucoup de choses intéressantes. Voici celles que j’ai retenues :

« La migration ce n’est pas un problème, c’est un défi à relever. »

« Sept mois au cachot sans voir personne. Ce fut le plus dur de toute la durée de ma peine de prison. »

« Il faut garder l’humour avant tout. »

« On nous emmerde parce qu’on dénonce les dérives de l’État. »

« J’en souffre tous les jours de cette affaire, mais me taire aurait été encore pire. »

« C’est important la culture, c’est ce qui nous différencie de l’animal. Avec les pouces. »

« Les organisateurs de l’événement ont dit qu’il y avait plus de monde que l’année dernière. »

© Politis
Publié dans
Les blogs et Les blogs invités
Temps de lecture : 3 minutes
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