Front populaire : Un moment d’exception

Des vélos sur les routes estivales, des familles découvrant la mer… Ces belles images renvoient aux mesures les plus emblématiques du gouvernement de Léon Blum en 1936 : les congés payés et la semaine de quarante heures.

Mais le Front populaire, c’est aussi l’émergence d’une démocratie nouvelle, où les citoyens deviennent des acteurs sociaux. Soixante-dix ans après, retour sur une expérience certes inachevée mais stimulante pour la réflexion.

Michel Soudais  • 27 avril 2006 abonné·es
Front populaire : Un moment d’exception
© Photo: Des ouvriers grévistes qui occupent leur usine le 05 mai 1936 dansent au son du banjo et de l'accordéon (AFP PHOTO).

C’est un des moments les plus importants de l’histoire politique et sociale de la France que l’on commémore ces jours-ci. Il y a soixante-dix ans, le 3 mai 1936, une majorité de Front populaire emporte les élections législatives. Formé dans l’euphorie, le gouvernement dirigé par Léon Blum fait voter en quelques semaines nombre de textes qui vont marquer profondément la société française. Ces réformes, conformes au programme du Rassemblement national – nom officiel de la coalition électorale –, qui ne comportait aucune réforme de structure, ne transforment pas le régime social du pays, qui reste celui d’une économie libérale. Elles accomplissent néanmoins, selon l’expression du chef du gouvernement, une « révolution par la loi ». La semaine de 40 heures et surtout la création des congés payés restent aujourd’hui encore les mesures les plus emblématiques de l’œuvre réformatrice de son gouvernement. Ces mesures, en permettant dès l’été 1936 à des millions de travailleurs d’accéder au temps libre, de découvrir les loisirs et de nouveaux horizons, ont contribué à la mystique du Front populaire.

Pour autant, la multiplication des bicyclettes et des tandems sur les routes estivales, la découverte du camping et de la mer par toute une population laborieuse, au grand dam des bourgeois, mécontents de voir « leurs » plages envahies par des « salopards en casquette » aux mauvaises manières, ne résume pas l’œuvre réformatrice du Front populaire. Il faudrait aussi évoquer la nationalisation des industries de guerre, la réforme de la Banque de France, qui élargissait le crédit à toute l’économie nationale, la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans, la création de l’Office national interprofessionnel du blé, qui, en confiant à l’État le soin de déterminer le prix du blé, a assuré un meilleur revenu aux petits paysans, etc. La liste est longue. Celle des réformes seulement envisagées aussi.

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Car, très vite, des difficultés imprévues vont briser l’élan des

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Politique
Temps de lecture : 11 minutes