Pollutions au saumon

Patrick Piro  • 24 janvier 2007 abonné·es

Il y a trois ans, des scientifiques démontraient que la pollution insolite de certains lacs d’Alaska n’était pas due à des transports atmosphériques… mais aux migrations de saumons. Pendant la croissance, ils concentrent dans leur graisse des polluants accumulés le long de la chaîne alimentaire, et notamment des PCB, molécules très difficilement dégradables. Remontant les cours d’eau pour y pondre, ils meurent ensuite dans les lacs. Et la décomposition de leurs cadavres pollue les sédiments au point que ceux-ci sont sept fois plus chargés en PCB que dans les lacs aléoutiens non fréquentés par les saumons.

La pollution « au saumon » connaît désormais une variante encore plus inquiétante : près de 800 000 poissons d’élevage s’échappent chaque année du millier de fermes marines norvégiennes, premier producteur au monde. Trous dans les cages, laxisme dans la surveillance et l’entretien : les fuites ont grimpé de 10 % par rapport à l’an dernier.Les spécialistes parlent de catastrophe. Non pas économique, mais écologique : les fugitifs, fréquemment parasités, transmettent des maladies (principalement le pou du saumon) qui ravagent les populations sauvages dans les fjords et les rivières, où les saumons, affaiblis par la remontée du courant, ne résistent pas à la contamination. Plus largement, les écologues craignent que cette invasion de saumons infestés ne perturbe l’équilibre d’écosystèmes.

Plusieurs parades sont à l’étude, dont aucune ne rassure : l’augmentation des doses pharmaceutiques et chimiques pour éradiquer les parasites des fermes piscicoles, le renforcement des cages, etc.

Cette crise préfigure bien des risques écologiques, encore négligés, d’un développement anarchique d’élevages de poissons destinés à compenser la dégradation des ressources halieutiques, sous la pression de la surpêche. Même le directeur de la pêche norvégien en a conscience, qui parle de « défi écologique le plus important pour le pays » .

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

D’eau et de colère
Portfolio 24 juillet 2024 abonné·es

D’eau et de colère

Les 19 et 20 juillet, les militants des Soulèvements de la Terre ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire sur les mégabassines. Reportage photo.
Par Maxime Sirvins
Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition
Portrait 24 juillet 2024 abonné·es

Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition

Sur le plus long fleuve de France, ils ne sont plus qu’une soixantaine à exercer leur métier. Une activité qui fait figure d’artisanat en comparaison de la pêche en mer. Rencontre avec un passionné attentif à son environnement.
Par Mathilde Doiezie
De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan
Reportage 22 juillet 2024

De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan

Au cours d’une semaine de mobilisation contre les mégabassines, des milliers manifestants se sont rassemblés dans les Deux-Sèvres à l’appel des Soulèvements de la terre et de Bassines Non Merci. Les 19 et 20 juillet, les militants ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire. Récit et photos.
Par Maxime Sirvins
Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines
Reportage 15 juillet 2024 abonné·es

Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines

L’établissement des Deux-Sèvres voit mûrir au sein de son BTS gestion et protection de la nature une nouvelle génération d’activistes contre l’accaparement de l’eau. Ses élèves aux parcours sinueux trouvent dans ce terroir et son activité militante le déclic d’un engagement durable.
Par Sylvain Lapoix